Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

samedi 6 juillet 2024

Charité bien ordonnée...

Paru dans le Nouvelliste (Page Eglises) du 6 avril 2024

Miséricorde et œuvres de charité : il y a dans ces deux mots quelque chose de vieillot et de condescendant, une odeur de sacristie, je trouve… Et pourtant, un trésor s’y cache : filons à sa recherche !

Et si l’on « conjuguait » plutôt compassion et amour ? Sont-ce des synonymes de miséricorde et charité ? Pas si sûr. Il y a, dans chacun de ces mots une spécificité que je ne voudrais pas perdre. La miséricorde, n’est-ce pas cet élan qui s’enracine dans les tripes de Dieu lui-même prêt à tout pour « récupérer » l’humanité ? Les œuvres de charité, ne sont-ce pas simplement ces gestes simples du quotidien que vous et moi, rendus capables par un amour qui vient par-delà nos forces, pouvons faire gratuitement, largement, inconditionnellement ?

Miséricorde et charité sont mêlées 
et indissociables.

Le regard miséricordieux – celui qui refuse de se poser en juge de quoi que ce soit de la vie de l’autre – produit la compassion, un état d’empathie authentique qui va mettre tout mon être à l’écoute et au service d’autrui, sans vouloir devenir un sauveur (même pas un petit), mais un compagnon discret et fidèle dans les petites choses.

La miséricorde devrait être une composante de l’action charitable, mais sans les actes, elle est mesquine. En effet, pour être réelle et crédible, elle doit être rendue visible et déborder dans les faits. L’apôtre Jacques explique fort bien ce rapport entre la vie de foi – et par extension la miséricorde – et les actes dans le chapitre 2 de sa Lettre. Il dit ceci : « Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. » ou encore : « Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. » Et enfin : « …et par les œuvres, la foi devint parfaite. »

Une diaconie qui passe par la Croix.

Un coup d’œil dans le rétroviseur de mes expériences – voyez les vôtres – me montre que la miséricorde appelle l’action bienfaisante. Cette dernière, pour ne pas prendre la couleur d’une amère condescendance, commence toujours par l’écoute de soi. Pourquoi est-ce que j’agis ? Quels sont mes motivations ? Quel message est-ce que je passe dans ma manière de vivre et d’aimer ? Est-ce un don ou est-ce que j’induis le désir d’un subtil retour sur investissement ? Pour que notre miséricorde soit compassion et nos œuvres de charité des actes d’amour, il nous faut passer par la Croix. En effet, je croi(x)s que la diaconie – car c’est de cela qu’il s’agit – ne peut pas être exercée si son premier sujet n’est pas moi-même. En effet, comment faire preuve de miséricorde, d’un amour authentique pour autrui, si je ne laisse pas d’abord le Christ me sauver de moi-même ? C’est ainsi que « charité bien ordonnée commence par soi-même ». CQFD.

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