Prière conjugale et couple en mission
Article publié dans le Magazine Equipes Notre-Dame Secteur Valais par Colette et Pascal Tornay (23-11-2020)
Après son séjour en Suisse en 2010, Colette m’avait prié de bien vouloir rejoindre à mon tour la Rép. dém. du Congo l’année suivante pour déployer ce qui était alors notre projet : un Centre de formation de base pour les femmes. Nous étions loin de nous douter de ce qui allait nous « tomber dessus ». Comme célibataire catholique, même si la question du sacerdoce a pu se poser, le cri le plus puissant que je n’ai jamais pu éteindre était celui du désir de la vie conjugale. J’ai prié des années durant pour Colette, sans savoir qu’elle serait mon épouse ! Je l’ai bénie et j’ai souvent demandé au Seigneur de trouver lui-même celle qui me serait assortie. En faisant naître l’amour entre nous, nous comprenons aujourd’hui que Dieu répondait à nos aspirations profondes (conjugales) en même temps qu’il nous proposait de nouvelles missions.
Notre amour est vraiment né dans une prière commune (mais l’inverse est vrai aussi). Le soir suivant mon arrivée à Kinshasa, j’ai vécu une forte et inexplicable crise d’angoisse. Cette crise m’a conduit tout droit dans les bras de Colette qui, comme moi, logeait dans une des chambres du couvent des Coopérateurs paroissiaux du Christ Roi (cpcr). Elle m’a pris sur son cœur. Elle m’a soutenu et consolé. Elle m’a entraîné jusqu’à la chapelle et nous nous sommes abandonnés entre les mains du Christ Roi dans une prière commune qui devait tenir moins de l’envolée lyrique que du gémissement. Il n’y avait rien d’autres à faire d’ailleurs car j’étais complètement perdu… Notre amour est né là dans l’angoisse et l’hébétude. Dieu a fondé notre amour, là : Colette et moi partageons cette étonnante certitude. Depuis lors, notre prière conjugale ne s’est jamais arrêtée. Elle refait surface alors que le silence a reparu dans notre maison et que, le soir venu, nous prenons ensemble, sur notre canapé, un chant, un texte, l’Evangile, l’office des vêpres ou des complies et que nous le mettons en écho avec nos difficultés, nos projets, le fait du jour, ou avec des situations délicates de personnes que nous portons…
Notre amour – nous en faisons l’expérience – est par essence missionnaire. Il est porté et déployé à travers une vie de prière parfois houleuse mais profonde. Nos différentes missions, reçues du Seigneur, se sont ainsi déployées à partir d’un désir premier dont le Seigneur lui-même est la source et que nous exprimons souvent à travers notre devise conjugale : « Moi et ma maison nous servirons le Seigneur » (Josué 24, 15). C’est dans le désir de servir toutes les réalités humaines qui sont à notre porte(ée), dans une prière quotidienne toute simple où nous présentons au Seigneur ce que nous avons vécu que se forge petit à petit nos départs en mission… La prière dilate nos cœurs, fait grandir notre joie et notre amour et excite notre désir de porter du fruit : un fruit qui à son tour donne sens et force à notre amour et suscite le besoin du Christ qui s’exprime dans la prière :
« Apprends-nous Seigneur, par ta grâce, comment te servir en servant les autres ».
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