Même mon père n’a jamais pu me dire ‘je t’aime’
Lettre aux amis (09-08-2023)
J’ai constaté avec tristesse que le dicton qui dit qu’un malheur ne vient jamais seul se confirmait souvent dans la vie de mes amis rencontrés dans la rue. C’est comme si, marchant avec une épine dans le pied, parfois depuis l’enfance, cela attirait irrémédiablement d’autres maux. Récemment, je déambulais en ville avec mon vélo et voici qu’un jeune homme que je n’avais pas revu attire mon attention. Il me reconnaît, je m’approche et m’assieds à ses côtés. Il se met à me raconter combien il souffre, combien il est seul. Perdu dans un monde impitoyable, il ne parvient pas à construire sa vie. Instable, brisé au fond de lui-même, cherchant dans son histoire personnelle une relation solide dans laquelle il aurait pu s’ancrer, il me dit : « Je ne suis personne. Même mon père, je ne l’ai jamais entendu me dire ‘je t’aime’… Jamais. » Au bout d’une bonne demi-heure, ayant répété cent fois sa plainte et ayant pu sortir un peu de sa rage, il en vient à me remercier parce que j’ai écouté ce qu’il avait à exprimer (litt. « pousser au-dehors ») sans dire un mot.
Ce matin encore, une femme en pleure me confie reconnaître que ses mauvaises relations la font constamment retomber dans les mêmes difficultés. Son état intérieur et son estime d’elle-même se fragilisent ainsi depuis de longues années. Aux prises avec l’alcoolisme et la violence de son père, elle cherche à être aimée, mais fini régulièrement par se faire « bouffer »... Pleine de larmes, elle répète : « Je me sens en prison. Comment sortir de là ? »
Souvent très lucide sur leur situation, ces personnes suscitent mon admiration. Comment ont-elles eu la force de traverser tout cela. Alors secrètement, monte ma supplication vers le Seigneur : « Viens Seigneur du dedans soulager, consoler, protéger tes enfants malmenés, toi qui veux n’en perdre aucun. Fais-leur sentir ta présence et agis en leur faveur. »
***
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire