Covid, virus, vaccin, masques, quarantaine, maladie, symptômes, hospitalisations, RHT, confinement : il me semble que, au rythme des vagues successives de contamination, le vocabulaire 2020-2021 s’est progressivement réduit à ces quelques mots. Alors que nous en aurions rêvé (différemment), ce temps de crise vient calmer nos rythmes sociaux effrénés mais aussi, corollairement, questionner profondément nos manières de vivre. Serait-ce l’occasion d’une ré-initiation ?
Le virus, avec ses conséquences multiples et les mesures sanitaires qui accompagnent cette période plongent (Baptême ?) beaucoup de gens dans la souffrance, la psychose, l'angoisse, la pression, l’incertitude ou l'isolement. Et en particulier celles et ceux qui vivaient déjà des difficultés auparavant et aussi, de surcroît, les patrons de petites entreprises, les familles monoparentales, les soignants, etc. Les questions se bousculent : à quand la tête hors de l’eau ? A quand la lumière ?
D’une certaine manière, la présence du virus a aussi été un vecteur de solidarité et de belles communions (Eucharistie ?) – dans l’immeuble, par téléphone, entre générations ou dans le quartier par exemple – et ce, bien au-delà de ce qu'une organisation, même religieuse, aurait pu induire... (1). Un virus qui nous met en communion, belle ironie ! De nombreux exemples montrent qu’il a permis de confirmer (Confirmation ?) la solidité de liens préexistants entre des personnes et même les renforcer ou encore qu’il a permis d’engager des synergies entre des organismes qui autrement auraient poursuivi leurs routes en solitaire.
Tout cela me donne à penser… Ne pourrait-on y voir une forme de ré-initiation à la vie sociale (reset) (2) que j’aime rapprocher de l’idée de « ré-initiation chrétienne », du nom du cheminement proposé par l’Eglise et qui va du baptême à la confirmation ? Un chemin de re-conversion ? Un tremplin ? Dur de parler ainsi lorsque tant souffrent à nos portes ! Et pourtant, je le crois, cette situation (3), alliée à la grâce, a ce potentiel de transformation de nous-mêmes et de notre société.
Bien sûr, nous ne sommes pas égaux devant la maladie. Ainsi, au-delà des potentiels « effets positifs » que l’on pourrait tirer de cette situation, je suis conscient que le virus crée des fossés profonds et des blessures difficiles à refermer. La capacité de rebondir des êtres humains à travers l’épreuve (résilience) n’est pas automatique. Un de ses ressorts est notre capacité à nous remettre en lien et à retrouver un sens. « Nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu, dira Job, acculé dans les difficultés existentielles, et le malheur, pourquoi ne l’accepterions-nous pas aussi ? » (Job 2, 10). L’accepter, éventuellement, mais pas comme un don de Dieu, donc… Pour avoir de nouveau le couteau par le manche !Testé « positif » en octobre dernier, une foule de questions ont affleuré en moi. Je me suis immédiatement dit : « Je n’ai pas été assez prudent. J’espère n’avoir donné cette saleté à personne ! » Et le journal intérieur des contacts des derniers jours s’est enclenché… Lorsqu'on n'est pas touché soit même dans sa chair, dans sa vie, on ne comprend pas. A travers cette expérience, un mouvement intérieur est advenu. J’ai senti s’élargir une brèche, une sensibilité plus grande à la réalité de vie de personnes que j’entrevois aujourd’hui sous un jour nouveau. J’apprivoise différemment les personnes en situation difficile qui m’appellent ou qui se présentent au hasard des rencontres dans la rue ou au Prieuré. N’est-ce pas là une transformation intérieure du regard qui pourrait être une sorte de « ré-initiation chrétienne ? »
Au dixième jour de quarantaine, coupé des rythmes et activités habituels que j’affectionne, j’ai commencé à trouver le temps long… Dans cette longueur de temps – une langueur – j’ai pu y voir, paradoxalement, un lieu fondateur. Et ce n’est pas la première fois. Parce qu’il me met au défi, ce « phénomène de creux » est souvent source d’une fécondité exceptionnelle pour autant que, restant confiant, je me laisse transformer. Alors, je suis comme happé. Je n’ai plus les cartes en main. Je suis comme dépossédé, vide… Le Corona qui devait être ce rival viral, a été le vecteur d’un « reset », une avancée, une ré-initiation humaine !
Mais, n’est-ce pas souvent dans le sillage de ces moments douloureux que montent les abandons les plus féconds, les solitudes les plus habitées, les silences les plus puissants ou les cris les plus significatifs ? Je pense évidemment à Jésus au Calvaire…
Je crois que l’Amour montre son vrai visage dans ces moments-là, dans les creux, où il peut enfin se nicher et éclater à travers un cœur devenu de braise… Crises que beaucoup relisent si souvent comme des instants charnière, des zones de transformation, des lieux de bascules, des opportunités de dernière minute, des revirements insoupçonnés. Et pourquoi pas des parcours d’initiation chrétienne… Oui, mais que personne n’aimerait revivre !
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(1) Je tire mes propos de situations tirées du sondage réalisé dans la partie francophone du Diocèse de Sion par le Service diocésain de Diaconie intitulé « Corona Expériences ».
(2) « Reset » : du nom du bouton qui permet de revenir à la configuration originelle d’un appareil informatique.
(3) En grec, on parle de « kaïros », c’est-à-dire de moment favorable à un changement profond et durable pour nous permettre parfois en claudiquant, d’aller vers le meilleur.
Le virus, avec ses conséquences multiples et les mesures sanitaires qui accompagnent cette période plongent (Baptême ?) beaucoup de gens dans la souffrance, la psychose, l'angoisse, la pression, l’incertitude ou l'isolement. Et en particulier celles et ceux qui vivaient déjà des difficultés auparavant et aussi, de surcroît, les patrons de petites entreprises, les familles monoparentales, les soignants, etc. Les questions se bousculent : à quand la tête hors de l’eau ? A quand la lumière ?
D’une certaine manière, la présence du virus a aussi été un vecteur de solidarité et de belles communions (Eucharistie ?) – dans l’immeuble, par téléphone, entre générations ou dans le quartier par exemple – et ce, bien au-delà de ce qu'une organisation, même religieuse, aurait pu induire... (1). Un virus qui nous met en communion, belle ironie ! De nombreux exemples montrent qu’il a permis de confirmer (Confirmation ?) la solidité de liens préexistants entre des personnes et même les renforcer ou encore qu’il a permis d’engager des synergies entre des organismes qui autrement auraient poursuivi leurs routes en solitaire.
Tout cela me donne à penser… Ne pourrait-on y voir une forme de ré-initiation à la vie sociale (reset) (2) que j’aime rapprocher de l’idée de « ré-initiation chrétienne », du nom du cheminement proposé par l’Eglise et qui va du baptême à la confirmation ? Un chemin de re-conversion ? Un tremplin ? Dur de parler ainsi lorsque tant souffrent à nos portes ! Et pourtant, je le crois, cette situation (3), alliée à la grâce, a ce potentiel de transformation de nous-mêmes et de notre société.
Bien sûr, nous ne sommes pas égaux devant la maladie. Ainsi, au-delà des potentiels « effets positifs » que l’on pourrait tirer de cette situation, je suis conscient que le virus crée des fossés profonds et des blessures difficiles à refermer. La capacité de rebondir des êtres humains à travers l’épreuve (résilience) n’est pas automatique. Un de ses ressorts est notre capacité à nous remettre en lien et à retrouver un sens. « Nous acceptons le bonheur comme un don de Dieu, dira Job, acculé dans les difficultés existentielles, et le malheur, pourquoi ne l’accepterions-nous pas aussi ? » (Job 2, 10). L’accepter, éventuellement, mais pas comme un don de Dieu, donc… Pour avoir de nouveau le couteau par le manche !Testé « positif » en octobre dernier, une foule de questions ont affleuré en moi. Je me suis immédiatement dit : « Je n’ai pas été assez prudent. J’espère n’avoir donné cette saleté à personne ! » Et le journal intérieur des contacts des derniers jours s’est enclenché… Lorsqu'on n'est pas touché soit même dans sa chair, dans sa vie, on ne comprend pas. A travers cette expérience, un mouvement intérieur est advenu. J’ai senti s’élargir une brèche, une sensibilité plus grande à la réalité de vie de personnes que j’entrevois aujourd’hui sous un jour nouveau. J’apprivoise différemment les personnes en situation difficile qui m’appellent ou qui se présentent au hasard des rencontres dans la rue ou au Prieuré. N’est-ce pas là une transformation intérieure du regard qui pourrait être une sorte de « ré-initiation chrétienne ? »
Au dixième jour de quarantaine, coupé des rythmes et activités habituels que j’affectionne, j’ai commencé à trouver le temps long… Dans cette longueur de temps – une langueur – j’ai pu y voir, paradoxalement, un lieu fondateur. Et ce n’est pas la première fois. Parce qu’il me met au défi, ce « phénomène de creux » est souvent source d’une fécondité exceptionnelle pour autant que, restant confiant, je me laisse transformer. Alors, je suis comme happé. Je n’ai plus les cartes en main. Je suis comme dépossédé, vide… Le Corona qui devait être ce rival viral, a été le vecteur d’un « reset », une avancée, une ré-initiation humaine !
Mais, n’est-ce pas souvent dans le sillage de ces moments douloureux que montent les abandons les plus féconds, les solitudes les plus habitées, les silences les plus puissants ou les cris les plus significatifs ? Je pense évidemment à Jésus au Calvaire…
Je crois que l’Amour montre son vrai visage dans ces moments-là, dans les creux, où il peut enfin se nicher et éclater à travers un cœur devenu de braise… Crises que beaucoup relisent si souvent comme des instants charnière, des zones de transformation, des lieux de bascules, des opportunités de dernière minute, des revirements insoupçonnés. Et pourquoi pas des parcours d’initiation chrétienne… Oui, mais que personne n’aimerait revivre !
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(1) Je tire mes propos de situations tirées du sondage réalisé dans la partie francophone du Diocèse de Sion par le Service diocésain de Diaconie intitulé « Corona Expériences ».
(2) « Reset » : du nom du bouton qui permet de revenir à la configuration originelle d’un appareil informatique.
(3) En grec, on parle de « kaïros », c’est-à-dire de moment favorable à un changement profond et durable pour nous permettre parfois en claudiquant, d’aller vers le meilleur.
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