Au cours d’un échange, un ami est heureux de me confirmer qu’il est en rémission après une période faste en ennuis de santé ! La joie domine : le mal est passé et la santé est recouvrée. Mais à quel prix? Après quel combat ?
Rémission (remettre) est un terme équivoque ; en termes bibliques, il s’oppose à rétention (retenir). Par exemple dans le Notre Père (Mt 6, 9) où Jésus parle de remise de dettes (et non pas de rétention sur salaire!). Voilà bien un vocabulaire comptable pour parler de pardon ! Dans la partie finale du Credo, il est mentionné la rémission des péchés : comme on remet une dette, les péchés seraient remis? En vertu de quoi, de quelle puissance ?
Un jour qu’il se trouve à Capharnaüm, Jésus remet ses péchés et guéri un homme paralysé qui lui est amené par le toit de la maison où il se trouve. « Voyant [la foi de ceux qui le transportaient], Jésus dit au paralysé : « Mon enfant, tes péchés sont pardonnés. » Stupéfaits, les scribes présents, perplexes, estiment que Jésus blasphème : ils ne voient pas Dieu en lui. Jésus va alors guérir l’homme de sa paralysie et va mettre cette capacité en rapport avec celle de remettre les péchés pour leur montrer, par un signe visible, qu’il a toute autorité pour le faire (Mc 2, 1-12).
Par ailleurs, Jésus aborde souvent le thème de la miséricorde à partir de paraboles. L’une d’elle met en scène un roi qui, sur la simple supplique d’un de ses sujets, lui remet une dette monstrueuse alors que, ensuite suite, ce dernier est lui-même incapable de se montrer patient avec son propre débiteur qui lui doit une petite somme d’argent. Jésus montre ici la capacité inouïe de Dieu à pardonner, c’est-à-dire d’aller au-delà de toute comptabilité, dans la logique de l’amour.
Enfin, lors de son dernier repas, lorsque Jésus prend la coupe, il dit à ses amis : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés ». (Mt 26, 27c.28). C’est donc en vertu du sang versé par Jésus, victime innocente, que les péchés des hommes peuvent être remis. Accéder à la coupe est donc le gage d’une possible rémission. Encore faut-il accepter de se placer dans Sa logique d’amour complètement folle à nos yeux, au-delà de toute justice…
« Fais-nous sortir, Seigneur, de cette épuisante logique des dettes et devoirs, de ce monde impitoyable où sans cesse tour à tour créanciers ou débiteurs, sans cesse occupés à réclamer notre dû ou à négocier des délais, nous n’avons plus le temps d’être des frères. » (1)
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(1) Candiard Adrien, A Philémon : réflexion sur la liberté chrétienne, Ed. Cerf, 2019.
Image : © jesusmafa.com
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