Tiens, d’habitude c’est le contraire… L’aumônier a dû se tromper ! – ça arrive 😉 ! Il faut le voir pour le croire, c’est ça la phrase consacrée… On ajoute encore : – « Je l’ai vu de mes propres yeux… Il était là ! » Et l’interlocuteur de répliquer, comme pour ajouter la dernière couche : – « Ce n’est pas vrai ! »
En vérité nous avons l’habitude de faire confiance à nos sens qui nous donnent généralement – il faut le dire – de bonnes indications sur les situations qui nous entourent. Perdre un de ses sens nous place dans une situation extrêmement pénible : c’est un sérieux handicap. La vue, en particulier, contrairement aux quatre autres sens, nous donne des indications sur ce qui se passe loin à la ronde autour de nous. Ce que nous percevons est certainement toujours la réalité. Mais l’image que notre cerveau forme pour nous est déjà une interprétation de la réalité… Il n’y aurait donc de réalité objective que pour nos yeux, pas pour notre cœur, notre 6e sens ?
Ancré dans une dimension parallèle, nos sens intérieurs – sont-ils aussi cinq ? – ne sont pas orientés vers le même environnement et captent des signaux différents, venus d’univers méconnus, du dedans… Pour beaucoup, ces sens intérieurs sont largement mystérieux, plus complexes à employer, à maîtriser ; encore faut-il préalablement avoir découvert leur potentiel et s’être mis à leur écoute…
Dans un monde matérialiste, nul doute que c’est sur la base des deux yeux fixés sur la figure humaine que le diagnostic va tomber : « Il faut le voir pour le croire ! » Domination des sensations extérieures qui sont tout autant de diktats si elles ne sont pas balancées par des « vues » alternatives…
Le scientifique qui construit son hypothèse et va à tâtons à travers vents et marées à la recherche de la vérité ; le philosophe qui avance à pas feutrés sur un terrain difficile à la recherche d’une vision plus juste du réel ; le croyant qui, malgré les apparences et les signaux d’alarme, poursuit sa route dans la confiance le savent tout trois : croire donne aussi de voir ! Donner crédit aussi à nos sens intérieurs, c’est comme marcher sur nos deux jambes ! Encore faut-il avoir une conscience éclairée pour avancer.
Le christianisme ne fait pas fi de la raison humaine, mais il invite à dépasser nos perceptions primaires… Marie-Madeleine voit Jésus vivant, mais elle est aveuglée et ne le reconnaîtra que lorsque Jésus prononcera son nom ! (Jn 20, 16). De son côté, Thomas, lui, a besoin de voir pour croire. Jésus dira à ses amis : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » (Jn 20, 29).
« Y croire », c’est éduquer et exercer nos sens intérieurs au sens et à la réalité profondes de l’existence et leur donner pouvoir de nous conduire vers plus loin, vers plus beau, à travers les Golgothas de nos Vendredi Saint, jusqu’à la Lumière de Pâques… Alors que verrons-nous ?
Paru dans Journal Vie et Foi, no 188-2019
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