Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

mercredi 27 février 2019

Revenir à l’essentiel…

Non, ceci n’est pas une publicité pour un magazine ! Plutôt une invitation au voyage… Voyager léger, c’est si agréable : on se sent libre. Je me souviens des vacances familiales de mon enfance. Nous partions chaque été en camping. Mes parents chargeaient la minuscule VW polo familiale avec le « strict nécessaire » pour la semaine puis nous installaient, mes deux petites sœurs et moi, entre les bagages et le plafond de la voiture. Il fallait nous y voir ! Et ne croyez-pas qu’au fil du temps les enfants demandent moins de matériel… Plus les années passaient, plus la quantité de matériel devenait impressionnante : grande tente familiale, vélos, bateau pneumatique, table et chaises… Une année, la voiture était tellement remplie et couverte de matériel du toit au pare-chocs (arrière évidemment) qu’il fut décidé qu’une remorque fût nécessaire l’année suivante… Ce qui arriva ! Bref.

En avançant dans l’existence, nous accumulons une quantité ahurissante d'objets divers. Nos maisons ne sont-elles pas remplies de bibelots en tous genres, souvent complètement superflus, parfois abimés ou même oubliés – et pour lesquels nous avons déboursé de l’argent ! « Car, même si l'on pointe facilement du doigt l'inutilité de ces objets, 53% des Français n'hésitent pas à dire qu'ils ressentent de la frustration et du regret lorsqu'ils doivent se séparer de ces choses. 36% des personnes interrogées assument même le fait de conserver ces objets parce qu'ils n'ont pas envie de les jeter. »1 L'accumulation nourrit notre puissant besoin de sécurité, même si nous savons plus ou moins consciemment que nous baignons dans l’illusion…

Par ailleurs, des amis qui déménagent m’ont confirmé la joie qu’ils ont sentie de se débarrasser de « toutes ces choses » et de repartir plus libre. En fait, il est relativement aisé de faire ce tri lorsque le départ est prévu. En revanche, si l’on est contraint de s’y mettre à l’improviste, ça risque de coincer… sans compter que, si l’on ne vit pas seul, il faudra se mettre d’accord avec ses proches. Cas extrême : un ami français a vu brûler entièrement sa maison sans qu’il n’ait rien pu prendre avec lui. Il m’a avoué être resté en pyjama dans la rue en attendant les pompiers et en regardant les flammes détruire tout ce qu’il avait avec un infini désarroi.

Outre le drame humain de se trouver sans rien, sans cesse, nous sommes tentés de réduire ce que nous sommes à ce que nous avons, de faire de nos chaumières ici-bas des demeures éternelles, de faire de nos sentiers des dépotoirs, d’emplir nos poches de vent… A l’homme qui avait accumulé de grandes richesses, Dieu dit : « Tu es fou, cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » (Lc 12, 20)


Nous n’avons pas le courage aujourd’hui de nous défaire de tout notre fatras ? La vie et ses épreuves s’en chargeront tôt ou tard : quelle rude et bonne nouvelle ! Arrivés nus (en réalité !), nous repartirons REMPLIS DE LUI à la mesure de ce que nous aurons VIDER EN NOUS…

« Jésus envoya ses disciples en mission. Il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » (Mc 6, 7-9).

Paru dans le Journal Vie et Foi, no 189-2019

Crédit image :
© img.huffingtonpost.com
Légende : Bon débarras !

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(1) https://www.huffingtonpost.fr/2016/10/17/plus-dun-francais-sur-deux-reconnait-quil-possede-trop-dobjets-exclusif_a_21582961/

vendredi 15 février 2019

La communion tous azimuts !

En ce mois où est célébrée la semaine de l’Unité des Chrétiens, je vous propose une petite balade au pays de la communion. « Communion », voilà un mot-tiroir plein de sens ! Pour élargir l’esprit des enfants à ce sujet, les catéchistes aiment parfois disséquer ce mot pour en trouver d’autres de la même famille qui l’éclairent. Qu’y aperçoit-on ?

-    « Commun » : Que peut-on avoir en commun se demandent des amis ? Nos goûts, nos idées ?
-    « Comme » : Voici un mot pour parler des ressemblances.
-    « Commune » : c’est la grande communauté locale réunie autour de son Conseil municipal.
-    « Union » : C’est ce lien fort, ce désir d’être ensemble qui nous relie les uns aux autres par exemple lorsqu’on parle du mariage…
-    « Muni » : Si je le suis, c’est que j’ai tout dont j’ai besoin.
-    « Uni-e » : se dit par exemple d’une couleur lisse et sans inégalité ou d’une famille où l’on ne trouve pas de division !
-    « Un » : Dans une prière, Jésus demande à son Père que tous les hommes soient « un » (Jn 17, 21), c’est-à-dire qu’ils ne forment qu’un seul Corps.

Et voilà la « communion » éclairée de multiples manières !

A l’origine, le mot est formé de deux autres termes : « cum », avec, et « munus », la tâche ou la charge, comme dans « municipal ». Ainsi étymologiquement, le mot « communion » a une portée politique au sens large et signifie « avoir une responsabilité commune ». La « commune » au sens politique et territorial, c’est donc l’ensemble de celles et ceux qui prennent part aux charges communes. On trouve encore, selon la même origine, le mot « immunité » qui signifie justement être exempté des charges. On le voit bien, les sphères sociale et politique, bien qu’elles soient des espaces fort conflictuels, sont des hauts-lieux de « communion » ! Voici donc la communion envisagée sous un angle nouveau et dynamique, puisqu’il pointe sur une responsabilité, une œuvre commune à faire advenir.

Sur le plan ecclésial, la communion (le fait de consommer le Pain) implique aussi ce sens premier, social, mais il est transcendé ! Les chrétiens utilisent le mot « communion » pour parler soit du Pain de vie (le Pain-Corps est en lui-même la « communion », soit aussi du moment de la célébration où le peuple s’approche de la Table pour s’en nourrir…

Nous en avons trop souvent une perspective individualiste (communier pour me nourrir spirituellement, pour m'apporter à moi un réconfort). Le champ sémantique originel du mot nous oblige à en élargir considérablement la portée : je vais (démarche active) communier pour m'engager, avec toute l’humanité réunie mystérieusement au Christ en un seul Corps, au service de l'œuvre commune à laquelle le Christ invite chacun : le salut du monde. Communier, c'est prendre part à la rédemption. Il s’agit d’un engagement qui consiste à se mobiliser, à se mettre au travail au service d’une œuvre de salut qui inclut toute l’humanité ! Evidemment, cela commence en soi-même…

Un être dispersé, désuni à lui-même et aux autres n’est qu’un sous-être qui a besoin d’être restauré, relevé, redressé. Dans l’Evangile, le cas du possédé de Gérasa (Mc 5, 1-20) qui vit dans les tombeaux est un exemple frappant… L’appel à vivre en communion est inscrit au plus profond de l’être : nous sommes conçus pour « exister en communion ». Cet appel est d’autant plus fort que, lorsque cette communion est rompue en nous et/ou entre nous, nous en souffrons terriblement… Cette souffrance n’est-elle pas le rappel douloureux que nous sommes justement faits pour « communier » ?

Que ce soit au sens de l’unité intérieure, au sens social et politique ou au sens chrétien, la communion n’est donc pas optionnelle : elle est une nécessité vitale pour l’homme. C’est même la condition première du développement et de la croissance intégrale de l’Homme.

Crédit images :
© Marion Perraudin
(communion 1)
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(communion 2)