Pour certains, la messe du dimanche est interminable ! Alors que dira-t-on de celle grande liturgie de la veillée pascale ? Largement « raccourcie » – chacun aura sa vision – après le Concile Vatican II, quoi que dans certains lieux, on aime prendre le temps de faire les choses tout en langueur comme pour pénétrer un peu plus le mystère… Un couple « m’avouait » récemment ne saisir ni les paroles, ni les signes, ni les gestes, ni les postures du corps que l’assemblée était invitée à prendre tout au long de l’Eucharistie… Dans ces conditions, comment ne pas trouver le temps long ? Crise du sens, déconnexion ! Evidemment, dans ces cas, c’est soit l’apathie, soit la désertion. Beaucoup choisissent la désertion, je les comprends !
Mais, il y a en effet un « mais » : il y a une voie médiane. Certes, elle demande un certain engagement, de l’abnégation, mais surtout la foi ! C’est d’y aller en mission : aller à la messe en mission d’observation. Objectif : rester attentif puis se faire aider si possible : questionner des amis, fréquenter des groupes chrétiens, lire un bouquin… Celui de Pascal Destieux intitulé « La messe : enfin je comprends mieux » est un exemple.
Nous, occidentaux, on part souvent de la théorie – pourtant ça veut dire « contemplation » en grec ! – pour passer ensuite à la pratique. Pour le permis de conduire, c’est vrai en tous cas. Les hébreux eux partent de la pratique et d’un langage très imagé, concret. Ils vivent d’abord et ils s’expliquent ensuite. Cela s’appelle la mystagogie ! C’est-à-dire ? C’est le vécu communautaire qui est chemin d’apprentissage et pas d’abord l’idée que l’on se fait des choses. D’abord le réel, ensuite les schémas… La catéchèse des premiers chrétiens était ainsi faite : L’Eglise te baptiste, elle te confirme, tu poursuis ton chemin avec ta communauté et tu verras bien. Le Christ dit à ses amis « Venez et voyez » ! C’est-à-dire « vous comprendrez en avançant ! » Notre manière occidentale de faire de la catéchèse, c’est plutôt : théorie puis pratique, comme le permis. Par ailleurs, on ne sait pas si un « permis mystagogique » donnerait de bons résultats !
La liturgie de la Veillée de Pâques – ce sera le 31 mars prochain – est tout particulièrement pleine de signes forts éclairés par les prières du célébrant. Evidemment, cela demande un effort de présence ! Plus j’y mets mon cœur, c’est-à-dire que plus j’invoque le Seigneur pour qu’il me touche et me conduise, plus la célébration prend son sens et plus j’y trouve sens et plénitude.
1. On commence dehors – au froid – on chante la joie du FEU NOUVEAU (Jésus) qui brille dans la nuit qui brise les ténèbres. On allume le cierge pascal (symbole du Christ ressuscité) au feu et on forme une procession : le peuple suit la lumière du Christ. Tous entrent dans l’église sombre, chacun munis de sa flamme, car le Christ est la lumière pour chacun. On entend résonner un « cri chanté » par trois fois : « Lumière du Christ » et le peuple répond : « Nous rendons grâce à Dieu ». Merci Seigneur !
2. On entend proclamer la PAROLE DE DIEU à travers un plus grand nombre de texte que d’habitude. On retrace le chemin parcouru dans l’Alliance avec Dieu depuis nos origines hébraïques. Cela prend du temps, est entrecoupé par des psaumes chantés. Rester attentif est déjà un beau défi !
3. Le célébrant bénit l’EAU, source de vie et signe du baptême. L’eau, tout à la fois symbole de la mort (on y meurt si l’on s’y noie !) et de la vie (pas de vie possible sans eau sur terre !). On célèbre des baptêmes et en l’aspergeant sur la foule, on se rappelle qu’on a besoin d’ « eau vive », c’est-à-dire d’être toujours renouvelé (dans le pardon) pour poursuivre notre route en paix.
4. Enfin, on met la table et on mange ! Le repas de Jésus, l’EUCHARISTIE, c’est lui qui se donne tout entier en
nourriture dans son Corps (pain) et dans le Sang (vin). Nous rappelons
sa mort et sa résurrection à travers ce repas qui scelle notre lien avec
lui.
« Trop longues, ces messes » entend-on ? Pourtant, je ne dis jamais cela lorsque je participe à un moment fort et qui me touche ! C’est là toute la question finalement : comment me laisser toucher ? Comment y mettre du mien ? La Vigile pascale, c’est vrai, est un moment spécial, car elle est le centre « nerveux » de l’année de l’Eglise et de la vie des chrétiens : on y célèbre la vie du Christ triomphant de la mort et de toute mort. S’y enracinent toutes les autres liturgies de l’année.
Crédit images :
1. Allumage cierge pascal : © www.alsace.catholique.fr
2. Lectures : © www.jevismafoi.com
3. Baptême : © www.pelerin.com
4. Eucharistie : © arrasmedia.keeo.com