Le P. Raniero Cantalamessa, préchant.
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N’est-il pas un peu surprenant, alors que je parle, de dire qu’il s’agit plutôt de faire ! Alors que, justement, ce faisant, je ne fais rien… que dire. D’autant plus que l’on entend souvent dans nos groupes d’Eglise qu’il s’agirait d’ « être » plutôt que de « faire ». Être, dire ou faire : telle est la question. En outre, notez bien que, parfois, « ne pas dire » ou « ne pas faire », c’est justement ce qu’il faut faire ! Dans l’Evangile, Jésus ne cesse d’exhorter ses amis à mettre en pratique les exigences de l’amour. De même, dans la parabole de « L’homme qui avait deux fils » (Mt 21, 28-32), Jésus montre que, finalement, c’est l’acte qui compte. Pour autant, n’allons pas trop vite mépriser la parole. Vous savez bien qu’elle revêt une importance cruciale pour la croissance de la vie humaine. Estimer que l’on puisse s’en passer pour n’être qu’action est pure illusion…
En effet, ne faut-il pas pouvoir (et savoir) s’exprimer pour se connaître et se comprendre ? Parler, n’est-ce pas déjà un agir ? « Ah, si mon mari pouvait parler ! », entend-on souvent dans la bouche de femmes dont le mariage s’est agrippé aux années et qui sont découragées par ce mutisme si souvent masculin. Oui vraiment, la parole peut être un acte réellement créatif et régénérant, concrètement libérant et vivifiant si elle vient d’un cœur qui sait écouter et se donner. La Parole vivante du Seigneur Dieu l’est aussi à combien plus forte raison, puisqu’« elle fait aussitôt ce qu’elle dit ». On le voit dès les commencements, Dieu crée par sa Parole. « Dieu dit : ‘Que la lumière soit’ et la lumière fut. » (Gn 1, 3). A l’image de celle de Dieu, nos paroles ne sont donc pas toujours vaines, puisque elles ont le pouvoir de mettre en mouvement, de consoler, d’encourager, de redresser.
Patrice Emery Lumumba, ancien chef de l’Etat congolais,
avertissant.
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En rester à la parole, là est le piège… Vous qui êtes des mamans, vous savez bien qu’il faut joindre le geste à la parole ! Ne sont-ce pas les termes utilisée pour définit le mot « sacrement » ? A un petit tombé par terre en jouant, il ne faut pas moins un signe qui s’approche d’un sacrement pour le calmer ! Vous lui dites : « Viens dans mes bras mon petit chéri. Oublie tout cela maintenant ! » et dans le même temps, vous l’inondez de caresses et de baisers. Le voilà le sacrement de l’amour ! Le voilà l’acte pur ! La voilà la parole créatrice ! Voici l’avènement du Christ. Le geste incroyable du lavement des pieds prend ainsi de multiples formes à travers les mille situations du quotidien. Non, le Royaume n’est pas loin. Il est tout proche de celles et ceux qui savent d’abord se mettre à l’écoute et prêchent ensuite. Il est tout proche de ceux qui aiment en actes et en vérité, aujourd’hui, petitement, ici et là.
Pascal Tornay