Avoir de l’ouverture d’esprit : voilà qui est bien à la mode ! Chacun pourtant pressent que, à juste titre, c’est dans l’ouverture qu’est la réponse la plus radicale aux aspirations fondamentales des êtres humains. Mais quelle est donc cette ouverture capable de nous dévoiler des univers nouveaux ? En fait, à aller gratter un peu plus loin, chacun s’aperçoit assez vite que cette ouverture peut être à la fois une impasse complète et un défi énorme suivant les visions de la situation : 1. Une impasse complète si, par ouverture, je comprends que je puis agir sans discernement, selon mon bon vouloir, et dans la seule écoute de moi-même. Mais qui parle en moi : moi (c’est-à-dire mon identité de fils bien-aimé) ou mes aspirations superficielles ? 2. Un défi énorme si, par ouverture, je comprends que je ne suis rien par moi-même ; que je ne possède rien que je n’aie reçu et que je dois tout, finalement, à cet Autre et à tous ces autres par qui je puis devenir sans cesse ce que je suis !
Au cours d’une vie, les appels à l’ouverture (et donc aux changements) se font sentir avec une force toute particulière parce qu’à chaque fois, il s’agit d’un appel extrêmement fort à modifier quelque chose de profondément ancré, fut-ce une bonne habitude ! Cette houle engendre souvent crises et angoisses dont parlent abondamment les psaumes. L’angoisse est un signal qui nous réveille et qui murmure : « Il est temps pour toi de passer un nouveau cap, de descendre plus profondément dans le mystère de l’Homme et de Dieu, dans le mystère de la vie. » Et cela fait souvent mal, n’est-ce pas ?
Ainsi l’ouverture – et chacun l’aura compris – n’est pas ce doux rêve d’une tolérance, vague et mielleuse, faites de faux rapprochements et de carcans bien agencés. L’ouverture est un appel intérieur et divin qui nous pousse à avancer là où l’Homme est d’avance sûr qu’il mourra ! Dieu a beau nous tendre les mains et nous dire : « Viens et tu vivras ! », nous doutons de sa puissance et préférons notre tranquilité et nos sécurités (-sociales)… Ce fut le cas des Apôtres et des plus grands saints ! Nous disons souvent que « nous ne voulons pas d’histoires », mais nous ne pouvons pas les éviter ces « histoires ». Je trouve d’ailleurs qu’une vie sans « histoires » mène souvent vers une Histoire sans vie. Evoluerions-nous si nous pouvions faire « comme d’habitude » notre vie durant ? Irions-nous de l’avant sans contrariétés ? Serions-nous si inventifs si nous pouvions rester, tranquillement, là où nous en sommes ? Evidemment non, et chacun de nous le sait !
Pour jouer l’ouverture, la vraie, celle qui fait vivre, il nous faut entrer par tant de petites portes étroites que l’on nomme « sacrifice », « renoncement », « acceptation », « effort », « (re)conversion », « épreuves ». Des réalités rudes devant lesquels le Christ lui-même n’a pas reculé, car elles nous ouvrent mystérieusement sur le Royaume du Ciel. Les crises et les épreuves de la vie sont comme des appels à se laisser chaque fois un peu plus mettre au Monde. Que c’est dur parfois ! C’est un accouchement ! Il vaut bien quelques larmes, car nous savons que le Christ tient ses promesses : qui sont toujours la JOIE, la PAIX, la FORCE retrouvées.
A toutes celles et à tous ceux qui sont étouffés, bloqués, rongés par un mal qui les enferme –souffrance, colère, rancune, épreuve, deuil – par la prière et la communion de toute l’Eglise, je m’unis dans le Christ, car il a souffert pour manifester à tous que Dieu n’est en rien indifférent aux hommes et à la grande Epreuve qu’ils traversent. Quelle ouverture !
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