Les amoureux le savent bien, eux qui aiment tellement « sortir ensemble » ! Je me demande d’ailleurs s’il n’y a pas là une clé pastorale pour la vie de tout Mouvement chrétien. Sortir, n’est-ce pas là déjà un premier mouvement ?
Explorons un peu concrètement.
Sortir, c’est aller au-dehors. C’est passer un seuil. C’est s’ouvrir, s’aérer.
Sortir, dans l’esprit des jeunes, c’est se changer les idées, rencontrer les copains et copines, aller retrouver un groupe sympa, une fraternité,… l’âme sœur ! Sortir, c’est aussi explorer, s’aventurer, s’offrir de nouvelles opportunités.
Sortir, c’est aller au gré du vent sans toujours avoir de plans précis. Se laisser pénétrer de ce qui se passe ici et maintenant avec sa dose d’imprévus…
Sortir, c’est se sortir de soi, se mettre sous les yeux d’autrui, prendre le risque d’une parole, d’un regard parfois pas si amical…
De son côté, le pape François invite aussi toute l’Eglise à ce genre de « sortie » à la suite de tant d’autres et en premier le Christ. « Allons ailleurs, dans les bourgs voisins, pour que j’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis sorti », dit Jésus (Mc 1, 38). On nous exhorte donc à « sortir » – « sortir ensemble » puisque le Christ envoie ses disciples deux par deux –, mais ce n’est pas dans un but captatif. Trop souvent, nous sommes sortis dans le but de « récupérer » pour remplir nos lieux de culte, pour relever nos groupes paroissiaux ou nos services d’Eglise. Un tel comportement témoigne tout juste d’une centration sur soi-même et d’une absence de gratuité. Et cela s’est très vite vu et très vite su… Sortir pour le bien de l’autre, fut-ce au prix de mon bien à moi : c’est dans cette sortie-là, radicale, oblative, que le témoignage d’amour est porteur de vie ! Le prix à payer ? Le don de ma vie !
La Bible regorge de situation où quelqu’un a été appelé au-dehors et ce « dehors » n’est pas souvent géographiquement très éloigné, car le Seigneur demande de commencer par son prochain. « Mais qui est donc mon prochain ? » demande le légiste à Jésus (Lc 10, 29). Bonne question Monsieur le légiste : 2000 ans après, l’Eglise continue à se le demander…
Jésus répond par une parabole et conclut :
– « Lequel de ces trois, à ton avis, s'est montré le prochain de l'homme tombé aux mains des brigands ? »
– Le légiste répondit : « Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui. »
– « Va, et toi aussi, fais de même. »
Le samaritain n’avait comme plan d’action pastorale et de discernement que son cœur disponible et sa miséricorde. Sur sa route, s’est présentée une situation. Il a momentanément mis de côté son programme pour se jeter au service du frère humain blessé et mourant. Ce faisant, il a transgressé la loi religieuse de son temps qui lui interdisait de touché des demi-morts jugés impurs et pourtant, Jésus le donne en exemple… La loi ne fait pas vivre, saint Paul le dira encore avec ses mots (Cf. Rm 7). « Sortir » est une question de vie ou de mort puisqu’il s’agit d’aiguiller nos semblables sur les traces de la Joie de l’Evangile ! « Sortons donc ensemble » sans crainte, si vous le voulez bien, car l’Esprit est à l’œuvre et il nous précède dans tous nos élans !
Pascal Tornay