Jésus répondit au gouverneur Pilate :
« Mon royaume n'est pas de ce monde.
Si mon royaume était de ce m
pour que je ne sois pas livré aux Juifs.
Mais mon royaume n'est pas d'ici. »
(Jn 18, 36)
« Mon royaume n'est pas de ce monde.
Si mon royaume était de ce m
pour que je ne sois pas livré aux Juifs.
Mais mon royaume n'est pas d'ici. »
(Jn 18, 36)
Objectifs de l'ouvrage
- Connaître les rapports qu'entretiennent l'Eglise et l'Etat.
- Mieux comprendre les rouages de ce rapport en Valais actuellement.
- Pouvoir articuler ce rapport avec les enjeux de la nouvelle évangélisation.
- Saisir avec plus d'acuité les enjeux pastoraux liés à la nouvelle évangélisation dans la société actuelle.
Introduction
Les rapports du politique et du religieux ont été
éminemment conflictuels au cours de l’histoire de l’Europe occidentale. Dans la
sphère[1]
de l’Etat, il faut sans cesse gagner du terrain, assurer son autorité, obtenir
– fut-ce par la force – un maximum contrôle social pour asseoir son pouvoir.
Dans la sphère de l’Eglise, il en a été –
malheureusement – de même ! Aujourd’hui, on le verra, la plupart des
responsables d’Eglise ont tiré les leçons des erreurs du passés et ont pris
conscience que les élans missionnaires de l’Eglise moderne – la nouvelle
Evangélisation – doivent passer par le service de l’Homme et non pas par la
puissance autoritaire du contrôle social.
Ainsi, la nature expansionniste du politique et du
religieux a fait que l’une et l’autre sphère ont été très vite en conflit. Il a
fallu de nombreux siècles pour que les potentats du politique et du religieux
distinguent bien leurs terrains d’action, définissent certaines règles de
bienséance mutuelle, les respectent et parviennent à trouver des éléments de
complémentarité.
Par son fameux Edit de Milan (313), l’Empereur Constantin autorise la pratique du christianisme et établit la paix religieuse dans l’Empire romain. Converti lui-même, il permet aux chrétiens de refaire surface[2] et de devenir une force sociale structurante de premier plan. En 380, les empereurs Théodose, pour l’Empire d'Orient et Gratien, pour l’Empire d'Occident, tous deux chrétiens, élèvent le christianisme nicéen au rang de seule religion officielle et obligatoire par un Édit, dit de Thessalonique et en font ainsi la religion d’Etat. Ainsi, après une longue période de persécution sanglante, les chrétiens vont se retrouver dans une situation radicalement opposée, c'est-à-dire dans une situation de pouvoir ! Ils vont utiliser ce levier pour imposer la religion chrétienne par la force et la violence et dominer toute la société. Et, comme chacun sait, la tyrannie chrétienne ne sera pas meilleure que les autres…
Le politique et le religieux ont donc tous deux prétendu
– et prétendent encore dans certaines régions – imposer leur vision du monde,
leur domination morale et physique et investir toutes les dimensions de la
société. Selon les époques et à plus ou moins grande échelle, chacune des deux
sphères est parvenue à se hisser au rang de puissance sociale, politique,
culturelle au prix le plus souvent de guerres sans merci[3],
de luttes fratricides[4]
et d’abominables bains de sang[5].
Le joug de l’une et de l’autre a pesé très lourd sur les mentalités qu’elles régentaient
à tel point que, dans le monde occidental, les valeurs chrétiennes par exemple
ont marqué l’inconscient collectif et les institutions politiques d’une
empreinte indélébile.
En Suisse et en Valais en particulier, les relations Eglise-Etat n’ont pas été tellement moins brutales au cours des âges notamment entre les princes-évêques et les patriotes. De son côté, la Suisse en tant qu’Etat fédéral, n’a jamais eu de compétences propres en matière de droit publique ecclésiastique et n’a jamais réellement statué dans ce domaine. Ce sont les cantons qui se sont accommodés de diverses manières de la présence et du travail des Eglises, se limitant à leur offrir un espace publique plus ou moins important avec plus ou moins d’autonomie selon les cantons. On peut dire qu’aujourd’hui, en Suisse, les liens entre l’Eglise et l’Etat sont assez fraternels et que la place de chacun est assez clairement définie et acceptée. Les deux sphères ont mis beaucoup de temps à se positionner l’une face à l’autre selon les modalités juridiques qu’elles ont progressivement et le plus souvent mutuellement convenues. En Suisse, comme en Valais, l’Eglise et l’Etat vivent une certaine complémentarité dans le respect de leurs missions respectives
En Valais, l’Eglise[6] et l’Etat, juridiquement séparés, entretiennent des liens étroits, notamment en matière de financement (subventions, salaires des AP[7]), de gestion du patrimoine (CoGest), du travail social en aumôneries des écoles et des prisons, sans compter la place et le crédit qu’ont l’Eglise dans le débat politique et citoyen. L’Etat a octroyé aux Eglises catholique et réformée évangélique un Statut de droit public qui a d’importantes conséquences pastorales sur le plan de sa mission d’évangélisation dans le monde du travail et de la santé, sur sa mission éducative dans les aumôneries des écoles ou dans l’accompagnement en milieu carcéral. Sans ce Statut, les Eglises n’auraient pas accès à ces univers sociaux. Par ce Statut particulier, l’Etat leur reconnaît donc certains privilèges grâce à leur position dans la société et à la mission humaine favorable au bien de ses membres et à la cohérence de la société. Rappelons encore ici que la base de cette reconnaissance étatique est, à bien des égards, le fruit du travail social énorme des ordres religieux accompli dans le domaine de l’éducation, des soins médicaux et de l’assistance aux plus pauvres durant des siècles.
Ainsi, entre l’Eglise et l’Etat des espaces de dialogue existent à tous les niveaux (Diocèse / Etat du Valais, Paroisses / Communes, politiciens chrétiens…). Même si leur influence concrète sur les mentalités a très fortement diminué, les Eglises restent des acteurs sociaux de premier plan dans la société valaisanne et ses engagements sociaux-éducatifs tiennent à cœur à l’Etat. La loi cantonale de 1993 et les textes législatifs qui y sont relatifs de près ou de loin en sont les témoignages les plus tangibles.
Ce travail de recherche, rédigé sous une forme non
accomplie (style mémo)[8],
a pour but ultime de mettre corrélation ce lien étroit Eglise-Etat, en
particulier en Valais, et la nouvelle évangélisation souhaitée par Jean Paul II
notamment.
Il est évident que la relation entre le politique et
le religieux a des influences importantes premièrement sur la manière dont l’Eglise
appelle ses fidèles et ses engagés à évangéliser dans le monde actuel et
deuxièmement sur les options que ces derniers vont prendre pour y parvenir.
Pourtant, il est pour le moins difficile d’en cerner précisément tant les
tenants et aboutissants que les enjeux.
Constatant que les conséquences des liens entre
l’Eglise et l’Etat sur la mission évangélisatrice de l’Eglise et des fidèles est
un sujet qui n’est quasiment pas traité dans la littérature, il m’a donc fallu
rassembler un matériel biographique assez éparse et très partiel, les mettre en
lien et en tirer quelques réflexions pratiques et propositions pastorales. Ce
travail se limite donc, dans les sections 4 et 5 en particulier, à lister un
certain nombre d’enjeux et de conséquences importantes pour une nouvelle évangélisation
dans la société actuelle au vu des rapports Eglise-Etat.
A noter que, bien que lacunaires, manquant probablement
de fondements sociologiques et théologiques et très certainement de méthode
pour une conduite impeccable du travail analytique, ce travail de recherche
très succinct et les propositions qu’il contient s’appuie pourtant sur des
travaux antérieurs ainsi que sur de nombreuses lectures, des entretiens avec
différents responsables politiques et religieux.
[1]
Le terme de « sphère » montre bien que le politique et le religieux –
plus que tout autre domaine – forment chacun des univers cohérents et autonomes
et portent en eux une vocation à la souveraineté totale et à la domination de
toute la société dans lequel ils sont enracinés.
[2]
C’est le cas de le dire, puisqu’ils avaient l’habitude de se cacher pour se
rassembler dans des maisons privées et parfois dans les catacombes.
[3]
A noter que les guerres dites de religion ont eu plus souvent comme mobile
fondamental la vanité des hommes et leur soif absolue de domination, plutôt que
la religion en tant que telle.
[4]
C’est le cas des confédérés durant le temps de la Réforme et de la
Contre-Réforme (16e s.) p. ex.
[5]
Citons le massacre des protestants dit de la saint Barthélemy, à Paris le 24
août 1572.
[6]
Même si l’Eglise réformée évangélique est concernée au même titre que l’Eglise
catholique par les tenants et aboutissants de ce travail, le lecteur
considérera pour la clarté des propos que le terme Eglise ne renvoie qu’à
l’Eglise catholique.
[7]
Le terme d’AP (agents pastoraux) recouvre tous les ministres payés et/ou
mandatés par les responsables ecclésiaux
[8]
Par exemple, je me contente parfois de mentionner simplement d’un élément sans
en préciser les liens avec son contexte et sans en jauger l’importance.
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