Toute idéologie, doctrine ou courant de pensée
asservi à la recherche illusoire d’une quelconque pureté acquise de main
d’homme est un lieu de souffrance, une insupportable crispation et une terrible
fermeture à la puissance transformatrice (purificatrice, re-créatrice) de la
vie au sens large du terme. Le traditionalisme est une option philosophique
transversale, c'est-à-dire qu’elle se niche à différents niveaux dans le penser
et l’agir politique, social, culturel et religieux.
Au sens strict, le traditionnel n’existe pas puisque tout ce qui vit ici bas est appelé à la mutation, à la transformation continuelle, voire à l’extinction, qu’on le veuille ou non. Si l’on veut de la solidité absolue, il ne faut pas la chercher dans la chair chez les hommes. Seules existent en réalité des habitudes sociales et des schémas de penser plus ou moins mortifères sur le long terme. En ce sens, le traditionalisme est une sorte de stratégie de blocage et de fixation des inévitables transformations existentielles. Pour prendre une autre image, on peut parler du traditionalisme comme d’une sorte de manière de mettre les bâtons dans les roues de la puissance (re)créatrice de la vie. Comme on le pressent, ce fixatif ne tient pas longtemps, car la puissance de la vie rappelle à tout instant sa souveraineté. Le traditionnel va tenir comme un barrage de sable que l’eau érode…
Ce qui existe en réalité, C’EST LA VIE qui crée et recrée sans cesse la
capacité humaine de se mettre en relation avec soi, avec les autres et avec Dieu.
Ce qui fait vivre, ce sont ces rapports aux autres, au monde et avant tout –
relation fondatrice – au Dieu créateur, Père, Fils et Esprit Saint, qui,
explorés, revisités sans cesse à travers ce que je suis dans l’aujourd’hui,
reforment et réforment l’univers et moi sans interruption. C’est, je crois, ce
qu’il faut entre autre comprendre dans la parole de Dieu à Moïse au buisson
ardent : « Je suis Celui qui suis[1]
ou encore dans la parole du Christ : Je suis le chemin, la vérité et la vie.[2]
Ces deux paroles sont l’archétype de la mouvance et de l’ouverture à la vie.
Cette relation à Lui, essentielle et vitale, est suffisante en elle-même et
doit se vivre dans l’aujourd’hui d’une rencontre. C’est l’anti-traditionalisme
à pleins gaz…
Pourtant, l’Homme cherche sans cesse à mettre la vie, son univers et sa pensée en bouteille en les traduisant, en les uniformisant en une série de schémas, de règles de comportements et de manières de penser qui finissent toujours par l’asservir. Evidemment, jeter en bloc le traditionnel avec le traditionalisme, c'est-à-dire le bébé avec l’eau du bain, est une sottise évidente. Vitales pour le progrès, la facilitation et la continuation de la vie ici bas, le traditionnel fait pourtant glisser ses consommateurs sans discernement dans une sorte de léthargie qui endort littéralement leur capacité à rester vigilant et ouvert à d’autres manières de penser et d’entrevoir leur situation dans l’univers. Le schéma, la structure de penser, l’habitude qui semble aujourd’hui sécuriser le quotidien de tant de gens, assurer leur survie ou leur pouvoir et servir leur rapport à eux-mêmes, au monde et aux autres, sera demain la plus puissante entrave à l’épanouissement de leurs mêmes rapports et la source même de leur perte.
L’orgueil bien enraciné peut se transformer en mauvaise habitude, puis se camoufler dans un comportement social ou une règle institutionnelle qui peuvent devenir « traditionnels » (bizutage, ségrégation, domination, exclusion, sectarisme, etc.) Tiré à son paroxysme, on peut aisément arriver à justifier le massacre d’êtres humains pour leur bien, pour le bien d’une société ou pour une cause soi-disant juste…
Le traditionnel est-il mauvais en soi ? Il me paraît évident que non. Aller pourfendre le folklore, autre forme plus bénigne du traditionnel par exemple est une drôle d’idée ! C’est le traditionalisme que je fustige ici, parce qu’il érige en piédestal des lambeaux de passé comme des éléments fondateurs de toutes sortes de crispations, comme des remèdes indigestes au fort relativisme ambiant, comme un carcan trop étroit dans un monde où l’individu est devenu un petit roi. Le traditionalisme en tout genre comme solution moderne à la décadence des valeurs, décidément, je n’y crois pas. Il faut accepter le progrès de la liberté individuelle comme un bienfait sans commune mesure malgré les dommages collatéraux qu’il traîne avec elle…
Janvier 2012
Au sens strict, le traditionnel n’existe pas puisque tout ce qui vit ici bas est appelé à la mutation, à la transformation continuelle, voire à l’extinction, qu’on le veuille ou non. Si l’on veut de la solidité absolue, il ne faut pas la chercher dans la chair chez les hommes. Seules existent en réalité des habitudes sociales et des schémas de penser plus ou moins mortifères sur le long terme. En ce sens, le traditionalisme est une sorte de stratégie de blocage et de fixation des inévitables transformations existentielles. Pour prendre une autre image, on peut parler du traditionalisme comme d’une sorte de manière de mettre les bâtons dans les roues de la puissance (re)créatrice de la vie. Comme on le pressent, ce fixatif ne tient pas longtemps, car la puissance de la vie rappelle à tout instant sa souveraineté. Le traditionnel va tenir comme un barrage de sable que l’eau érode…
Pourtant, l’Homme cherche sans cesse à mettre la vie, son univers et sa pensée en bouteille en les traduisant, en les uniformisant en une série de schémas, de règles de comportements et de manières de penser qui finissent toujours par l’asservir. Evidemment, jeter en bloc le traditionnel avec le traditionalisme, c'est-à-dire le bébé avec l’eau du bain, est une sottise évidente. Vitales pour le progrès, la facilitation et la continuation de la vie ici bas, le traditionnel fait pourtant glisser ses consommateurs sans discernement dans une sorte de léthargie qui endort littéralement leur capacité à rester vigilant et ouvert à d’autres manières de penser et d’entrevoir leur situation dans l’univers. Le schéma, la structure de penser, l’habitude qui semble aujourd’hui sécuriser le quotidien de tant de gens, assurer leur survie ou leur pouvoir et servir leur rapport à eux-mêmes, au monde et aux autres, sera demain la plus puissante entrave à l’épanouissement de leurs mêmes rapports et la source même de leur perte.
Dans la même ligne, chacun a déjà pu expérimenter
le fait que les êtres humains possèdent cette capacité redoutable de croire
sans faillir qu’ils sont, à la fois les maîtres de leur petit monde, de leur
destin et tout aussi sûrement que ce qu’ils font est vrai, juste et bon. Cette
croyance rend les humains complètement naïfs sur leur capacité à discerner la
vérité et à rester des êtres capables socialement et spirituellement. Tout cela
pourrait être rassemblé en un mot : l’orgueil. Maladie du genre humain dont les
ravages actuels – dans ma vie, ils sont patents – clament combien la plaie,
prise dans son ensemble, n’est pas encore en voie de guérison.
L’orgueil bien enraciné peut se transformer en mauvaise habitude, puis se camoufler dans un comportement social ou une règle institutionnelle qui peuvent devenir « traditionnels » (bizutage, ségrégation, domination, exclusion, sectarisme, etc.) Tiré à son paroxysme, on peut aisément arriver à justifier le massacre d’êtres humains pour leur bien, pour le bien d’une société ou pour une cause soi-disant juste…
Le traditionnel est-il mauvais en soi ? Il me paraît évident que non. Aller pourfendre le folklore, autre forme plus bénigne du traditionnel par exemple est une drôle d’idée ! C’est le traditionalisme que je fustige ici, parce qu’il érige en piédestal des lambeaux de passé comme des éléments fondateurs de toutes sortes de crispations, comme des remèdes indigestes au fort relativisme ambiant, comme un carcan trop étroit dans un monde où l’individu est devenu un petit roi. Le traditionalisme en tout genre comme solution moderne à la décadence des valeurs, décidément, je n’y crois pas. Il faut accepter le progrès de la liberté individuelle comme un bienfait sans commune mesure malgré les dommages collatéraux qu’il traîne avec elle…
Je préfère m’engouffrer dans une aventure à vivre –
fusse au prix de mes opinions – plutôt que de m’amouracher de l’une de ses
pâles représentations.
Janvier 2012
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