Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

samedi 24 septembre 2011

L’acte d’amour du citoyen : "Lève-toi et vote !"

D’entre toutes les démocraties de ce monde, la Suisse occupe une place de choix. Nulle part ailleurs en effet, on ne retrouve autant d’implications possibles des citoyens dans le processus législatif. Certes, des mécanismes similaires se retrouvent ailleurs aux Etats-Unis et en Europe en particulier (1). Dans le droit à l’initiative, les citoyens ont en main – s’ils savent s’organiser – un outils constitutionnel de première importance. En effet, ils sont là au premier échelon du processus législatif et ont toute largeur possible pour initier leur projet.

Pourtant, les choses sont complexes ! Chacun ne peut pas déposer « sa petite initiative ». C’est toujours à l’orée des dépôts officiels de listes de signatures que chacun comprend – en voyant le travail de fourmi accompli pour la récolte – que l’affaire n’est pas si aisée (2). Quelle motivation exceptionnelle il faut pour entrer dans ce combat ! J’admire cette persévérance et – j’allais dire cette véritable foi en les institutions, en la justice, en la solidarité, en la capacité de réussir ! C’est dans ce contexte que me revient le mot du Cardinal G. Danneels (3) que je pourrais paraphraser en disant : « Un citoyen seul est un citoyen mort ! » Et l’on pourrait adapter encore cette maxime à la sphère économique sans altérer sa pertinence : « Un employé seul ou un consommateur seul est un employé ou un consommateur mort ! » (4)

Les suisses, et je l’ai constaté à maintes reprises et dans des milieux sociaux très différents, ont tendance à oublier leur chance inouïe de vivre dans un Etat fédéral fondé sur les valeurs du christianisme et qui laisse autant la parole à ses citoyens. Evidemment, ceux qui critiquent le plus sont ceux qui en font le moins. Voilà un « trend » rarement démenti. Quoi qu’on en dise, faites l’effort avec moi de remarquer que la Suisse est un pays extraordinaire en matière de droits civiques, de réflexion politique, de démocratisation des débats, de diffusion du pouvoir, de proximité des autorités et des citoyens. Tout ceci ne signifie pas que notre pays soit parfait, loin s’en faut. Mais appliquons tout de même notre regard sur les instruments d’initiation et de pilotage politiques extrêmement développés en comparaison européenne qui sont offerts aux citoyens pour la réflexion et la conduite des affaires politiques.

Comme je l’ai dit, y mettre son nez n’est pas chose toujours si évidente. Les dossiers sont entremêlés et chaque décision porte en elle un large faisceau de causes et des conséquences collatérales. Chaque question politique est plus ou moins clairement interdisciplinaire et touche à des réseaux de réflexion parallèle. S’en sort qui peut ! Un Etat qui laisse une telle liberté à ses citoyens est un Etat adulte certes, mais qui doit assumer nettement que la formation citoyenne est véritablement une question cruciale. Pour leur part, les citoyens ne peuvent pas se décharger non plus. Jamais ! Chacun doit assumer sa part – fut elle infime – à sa mesure et selon ses possibilités. Assumer sa citoyenneté, c’est assumer (donc reconnaître et aimer) une des dimensions essentielles de l’humain : celle politique qui fait qu’un monde ensemble est possible.

L’équation finale revient à ceci : En partant du présupposé qui repose sur la confiance et, bien sûr aussi sur les mécanismes de contrôle politique (ne soyons pas seulement fou !), je peux dire ceci :

Nos autorités assument leurs responsabilités (souvent lourdes) au plus près de leur conscience et prennent des décisions consultées et réfléchies.

http://cormeillesautrement.free.fr
Alors, dans ces conditions, le citoyen, alors qu’une question lui est posée, que sont mises devant lui des options de vie commune est obligé par le droit et le devoir d’y répondre s’il est lui aussi adulte dans la propre conscience de ses responsabilité. Le citoyen qui ne s’exprime pas est comme mort ! La vie politique se fait sans lui et – il va le sentir au premier virage – malgré lui.

J’exhorte mes concitoyens à traverser cette mort de l’abstentionnisme politique et à investir à leur mesure leur dimension citoyenne. Voter est un acte d’amour, car voter demande de faire un choix libre et donc de savoir faire preuve de courage et de renoncement. Voter est un engagement volontaire mû par la confiance dans les autorités et les institutions malgré toute ses failles et ses travers et revient à être un adulte acteur de la vie ensemble. Aimer, c’est voter, voter, c’est aimer ! Vous savez ce qu’il vous reste à faire…

Pascal Tornay


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Notes
(1) Le droit à l’initiative populaire existe notamment en Suisse et dans certains États des États-Unis et dans certains Länder allemands, en Autriche comme en Italie. Celui au référendum existe de manière plus étendue.
Cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum

(2) 50'000 ou 100'000 signatures selon que l’initiative vise à modifier une loi ou la constitution.
Cf. http://www.ch.ch/abstimmungen_und_wahlen/01277/01283/index.html?lang=fr

(3) Il aime à répéter souvent, et à juste titre qu’ « un chrétien seul est en danger de mort. »
Cf. http://www.vocations.be/chretien.htm

(4) A combien plus fortes raisons aujourd’hui, où le monde économique a tant intérêt de diviser les velléités des consommateurs de s’organiser pour mieux régner sur leurs désirs profonds.

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