Il est étonnant de constater à quel point le regard spirituel de nos contemporains, et des jeunes chrétiens en particulier, est attiré par les croyances bouddhistes. S’agissant de leurs croyances à propos de l’au-delà, j’ai régulièrement constaté qu’ils accordaient plus volontiers et plus facilement crédit au cycle des réincarnations dans la vision bouddhiste qu’à l’approche chrétienne de l’au-delà, vécu juste devant leur nez…
Ressusciter après une seule grande épreuve leur apparaît comme un chemin
moins palpitant, puisque – à l’instar de leurs héros de jeux vidéos –
ils ne pourraient pas bénéficier de plusieurs autres vies, c'est-à-dire
d’autres chances de vivre autre chose, ailleurs, autrement… A moins que
l’herbe ne soit simplement plus verte ailleurs ? A moins que personne ne
leur ait jamais parlé de la promesse du Seigneur ?
Or, j’ai souvent constaté qu’il y avait, dans leur vision des cycles de réincarnation, une profonde méprise que je m’efforce de leur faire comprendre quand l’occasion m’est offerte. Leur vision de la réincarnation est une version travestie et occidentalisée de la doctrine bouddhiste du samsara (1). En effet, quel n’est pas leur étonnement lorsque je leur explique que l’objectif de tout bouddhiste consiste justement à se sortir de ce cycle de renaissances parce que ce n’est justement pas une chance, mais une conséquence négative de leurs actes insuffisamment positifs posés dans des vies antérieures. C’est le karma. Etre réincarné n’est en effet ni une récompense ni un état enviable puisque cela signifie que sa vie antérieure n’a pas atteint un niveau suffisant de détachement par rapport à la vie terrestre, à la vie matérielle et qu’il faut recommencer.
Le karma est « alourdi par tout ce qui retient l’homme à la matière et à la condition terrestre, à ses désirs et à ses peurs, l’obligeant ainsi à vivre un nombre illimité d’incarnations avant d’avancer finalement sur le chemin du Bouddha et de parvenir à la libération lumineuse appelée nirvana. » (2) Ce terme peut être traduit par extinction, c'est-à-dire un état de dissolution finale de l’individu dans une entité englobant tout.
« Bouddha a cherché comment éliminer toutes les forces qui poussent les individus vers de nouvelles naissances. Il a trouvé une voie : la destruction de toute attache, de tout asservissement aux passions, l’extinction de la soif et du désir… Il a ainsi vécu une quarantaine d’années en état de nirvana et échappé au cycle douloureux des réincarnations successives. Le bouddhisme est à l’origine une religion de moines. Il a dû s’adapter aux laïcs qui se contentent souvent de se souhaiter une bonne réincarnation car le nirvana paraît à beaucoup inaccessible. » (3)
Pour ce qui concerne la croyance chrétienne, la conception gréco-romaine de la séparation du corps et de l’âme à la mort colle encore passablement aux mentalités. Le symbole des apôtres qui fait dire aux chrétiens « Je crois à la résurrection de la chair » a-t-il été oublié ? Les apôtres ont-ils parlé, mangé avec l’âme du Christ ressuscité lors des nombreuses rencontres avec lui après sa mort et sa résurrection ? Jésus n’est pas un esprit, il a un corps – certes d’une nature nouvelle – mais il mange avec eux, leur parle, les touche. Dans les évangiles, Jésus ne parle jamais d’une âme seule. Au bon larron, crucifié avec lui, il promet : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. » (Lc 23, 43) Dans un autre passage, Jésus explique à ses amis qu’il existe de nombreuses demeures dans la maison du Père : « Je vous prendrai avec moi afin que là où je suis, vous serez aussi. » (Jn 14, 3)
L’étonnante caractéristique du christianisme, c’est la présence de ce Dieu Créateur un et trine – Père, Fils et Esprit – qui cherche l’Homme et qui, mystérieusement l’attire à lui et le laisse libre à la fois à la manière des parents envers leurs enfants. Le bouddhiste n’a que sa seule force mentale, sa propre volonté pour s’élever. Pour les chrétiens, il s’agit d’une vie d’alliance. Une seule existence terrestre suffit, car ce qui manque est offert par le Christ dans le don qu’il fit de sa vie divine sur la croix. La résurrection peut être pensée comme un processus de croissance, comme l’écrit J.-P. Fontaine. C’est dans la plénitude de notre identité que nous sommes appelés à participer dans l’éternité à la vie d’amour du Dieu de Jésus Christ.
Enfin, ayons l’humilité d’avouer que, ce que sera cette vie APRES la mort, reste pour chacun d’entre nous une chose bien mystérieuse. C’est au présent qu’il nous faut vivre, car c’est dans l’aujourd’hui que nous sommes appelés. Il y a bien une vie AVANT la mort, occupons-nous en…
Or, j’ai souvent constaté qu’il y avait, dans leur vision des cycles de réincarnation, une profonde méprise que je m’efforce de leur faire comprendre quand l’occasion m’est offerte. Leur vision de la réincarnation est une version travestie et occidentalisée de la doctrine bouddhiste du samsara (1). En effet, quel n’est pas leur étonnement lorsque je leur explique que l’objectif de tout bouddhiste consiste justement à se sortir de ce cycle de renaissances parce que ce n’est justement pas une chance, mais une conséquence négative de leurs actes insuffisamment positifs posés dans des vies antérieures. C’est le karma. Etre réincarné n’est en effet ni une récompense ni un état enviable puisque cela signifie que sa vie antérieure n’a pas atteint un niveau suffisant de détachement par rapport à la vie terrestre, à la vie matérielle et qu’il faut recommencer.
Le karma est « alourdi par tout ce qui retient l’homme à la matière et à la condition terrestre, à ses désirs et à ses peurs, l’obligeant ainsi à vivre un nombre illimité d’incarnations avant d’avancer finalement sur le chemin du Bouddha et de parvenir à la libération lumineuse appelée nirvana. » (2) Ce terme peut être traduit par extinction, c'est-à-dire un état de dissolution finale de l’individu dans une entité englobant tout.
« Bouddha a cherché comment éliminer toutes les forces qui poussent les individus vers de nouvelles naissances. Il a trouvé une voie : la destruction de toute attache, de tout asservissement aux passions, l’extinction de la soif et du désir… Il a ainsi vécu une quarantaine d’années en état de nirvana et échappé au cycle douloureux des réincarnations successives. Le bouddhisme est à l’origine une religion de moines. Il a dû s’adapter aux laïcs qui se contentent souvent de se souhaiter une bonne réincarnation car le nirvana paraît à beaucoup inaccessible. » (3)
Pour ce qui concerne la croyance chrétienne, la conception gréco-romaine de la séparation du corps et de l’âme à la mort colle encore passablement aux mentalités. Le symbole des apôtres qui fait dire aux chrétiens « Je crois à la résurrection de la chair » a-t-il été oublié ? Les apôtres ont-ils parlé, mangé avec l’âme du Christ ressuscité lors des nombreuses rencontres avec lui après sa mort et sa résurrection ? Jésus n’est pas un esprit, il a un corps – certes d’une nature nouvelle – mais il mange avec eux, leur parle, les touche. Dans les évangiles, Jésus ne parle jamais d’une âme seule. Au bon larron, crucifié avec lui, il promet : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. » (Lc 23, 43) Dans un autre passage, Jésus explique à ses amis qu’il existe de nombreuses demeures dans la maison du Père : « Je vous prendrai avec moi afin que là où je suis, vous serez aussi. » (Jn 14, 3)
L’étonnante caractéristique du christianisme, c’est la présence de ce Dieu Créateur un et trine – Père, Fils et Esprit – qui cherche l’Homme et qui, mystérieusement l’attire à lui et le laisse libre à la fois à la manière des parents envers leurs enfants. Le bouddhiste n’a que sa seule force mentale, sa propre volonté pour s’élever. Pour les chrétiens, il s’agit d’une vie d’alliance. Une seule existence terrestre suffit, car ce qui manque est offert par le Christ dans le don qu’il fit de sa vie divine sur la croix. La résurrection peut être pensée comme un processus de croissance, comme l’écrit J.-P. Fontaine. C’est dans la plénitude de notre identité que nous sommes appelés à participer dans l’éternité à la vie d’amour du Dieu de Jésus Christ.
Enfin, ayons l’humilité d’avouer que, ce que sera cette vie APRES la mort, reste pour chacun d’entre nous une chose bien mystérieuse. C’est au présent qu’il nous faut vivre, car c’est dans l’aujourd’hui que nous sommes appelés. Il y a bien une vie AVANT la mort, occupons-nous en…
Novembre 2012
Pascal Tornay
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Notes
(1) Cycle des renaissances successives qui touches les non-éveillés.
(2) Thibaud Robert-Jacques, Dictionnaire des religions, Editions Maxi-Poches, Paris, 2000, p. 158.
(3) Fontaine Jean-Pierre, J’essaie d’intéresser des jeunes au christianisme, Desclée de Brouwer, Paris, 2000, p. 82-83.
Images :
Réincarnation -http://www.kheper.net
Résurrection - http://eschatologie.free.fr
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