Le bâton : insigne de pouvoir. |
Le sceptre ou la crosse ! Des rôles et fonctions parfois difficiles à distinguer ! |
L'on entend encore parfois s'offusquer de vieux sponsors du Parti Démocrate-Chrétien de ce que le "C" de PDC (1) ait été complètement bradé par les instances directrices. J'ai aussi entendu de plus jeunes sympathisants réclamer une meilleure adéquation entre les orientations ecclésiales et les lignes de conduite du Parti arguant que le PDC ne tenait strictement aucun compte des prises de positions des Eglises - soit de la Conférences des Evêques Suisse (CES), soit de la Fedération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS). Qu'en est-il ? Le PDC est-il infidèle ? A-t-il à se soumettre pour être digne de l'appellation chrétienne ? Ne mélangeons pas les torchons et les serviettes !
Précisons les choses. D’un côté, il y a une Eglise, un peuple de chrétiens avec ses repères et sa conception religieuse de l'Homme et de la société. Si l’autorité du Magistère de l’Eglise (2) est bien réelle, ce ne peut être qu’une autorité au sens étymologique de l' "auctoritas" chez les latins, c'est-à-dire d’une instance qui éduque, qui élève, qui guide et dirige un peuple de fidèles devenu lentement adulte. Cette autorité est à comparer à l’autorité parentale s’exerçant sur des enfants devenus … adultes eux aussi. En effet, le rôle de parent et d’éducateur ne cesse pas à 18 ans… C’est ainsi que la CES entend exercer son autorité. Dans son domaine de travail, elle réfléchit, échange, cherche des points d’appui sur les problèmes qui touchent à la fois la théologie, l’éthique (l’art de vivre en tant qu’individu et en tant qu’être social) et la politique et prend position au plus près de ce qui lui semble juste, vrai et bon. Elle le fait à partir d’un conception de l’Homme et de Dieu forgée par la Révélation Biblique, la Tradition de l’Eglise et des travaux scientifiques les plus récents. Les instances ecclésiales exercent leur autorité particulière (doctrinale, canonique, etc.) de manière totalement indépendantes de l’Etat.
De son côté, le PDC est une structure politique laïque liée au plan politique qui, ad intra, exerce son autorité au sens du droit civil et non pas du droit canon, comme l’Eglise. Les instances directrices du PDC aux plans local, cantonal et fédéral exercent leur autorité sur les membres de leur parti et sur leurs élus à partir d’un règlement civil interne (statuts). Ils réfléchissent et agissent sur la base d’une conception de l’Homme proprement laïque et culturelle bien que profondément teintée par la conception de l'Homme et les valeurs religieuses de la foi chrétienne (3). Le rôle du PDC, comme acteur indépendant - au sens de l’autonomie - de l’action politique, est donc d’être l’ambassadeur des valeurs que ses membres souhaitent défendre au sein de la scène politique après qu’une majorité se soit dégagé.
Entre le PDC et les Eglises, il n’existe donc plus, comme auparavant, de soumission "automatique" du premier à la seconde tout simplement parce que l’on est progressivement parvenu à distinguer les plans religieux et politique. Les interactions entre partis et Eglises se font par le biais des individus qui composent l’un ou/et l’autre et non plus de manière institutionnelle.
Comme je l’ai dit, on considère aujourd’hui que les partis (ceux dits chrétiens en l’occurrence) et les Eglises sont des organes qui agissent sur des plans différents et que chacun, par son indépendance juridique et doctrinale, apporte une éclairage pertinent à sa manière. Certes, les relations entre l’Eglise et l’Etat sont difficiles à clarifiées quand une histoire commune a été longtemps partagée. Pourtant, l’une et l’autre gagnent à s’écouter mutuellement attentivement plutôt que de chercher à soumettre l’autre parce que chacun apporte à l’autre une dimension qu’il n’a pas ou pas assez pris en compte. La politique est l’art du possible, la vie ensemble est un art à faire ensemble… L’unité formelle d’un groupe est bien belle, elle a son utilité institutionnelle mais elle n’est toujours qu’une illusion puisqu’en dernier recours, chaque individu se forge son idée, juge et prend position en son âme et conscience ! En effet, personne ne peut contraindre celui-ci ou celle-là de penser ceci ou cela (ni les partis, ni les Eglises d’ailleurs…) ! Et c’est bien ainsi.
C’est ainsi qu’on trouve dans les Eglises des gens qui se réclament de tels ou tels courants ecclésiaux ou politiques. De la même manière, on trouve des chrétiens dans toutes les travées de l'hémicycle. Notre image de la meilleure solution politique diffère d’individu en individu. Ainsi, même après avoir réfléchi et négocié longuement à propos d’un problème politique éthique épineux, nous aurons toujours à revoir notre copie à la lumière d’une conception de l’Homme toujours plus proche de ce qu’est l’Homme en vérité.
Pour l’heure, ne mélangeons pas tout ! Laissons le PDC et les Eglises étudier et parler de ce que chacun connaît le mieux et laissons chacun proposer ce qui lui paraît être le meilleur pour l’Homme et la société. Et nous ? Ecoutons bien ! Plusieurs avis ne valent-ils pas mieux qu’un ?
Pascal Tornay
Précisons les choses. D’un côté, il y a une Eglise, un peuple de chrétiens avec ses repères et sa conception religieuse de l'Homme et de la société. Si l’autorité du Magistère de l’Eglise (2) est bien réelle, ce ne peut être qu’une autorité au sens étymologique de l' "auctoritas" chez les latins, c'est-à-dire d’une instance qui éduque, qui élève, qui guide et dirige un peuple de fidèles devenu lentement adulte. Cette autorité est à comparer à l’autorité parentale s’exerçant sur des enfants devenus … adultes eux aussi. En effet, le rôle de parent et d’éducateur ne cesse pas à 18 ans… C’est ainsi que la CES entend exercer son autorité. Dans son domaine de travail, elle réfléchit, échange, cherche des points d’appui sur les problèmes qui touchent à la fois la théologie, l’éthique (l’art de vivre en tant qu’individu et en tant qu’être social) et la politique et prend position au plus près de ce qui lui semble juste, vrai et bon. Elle le fait à partir d’un conception de l’Homme et de Dieu forgée par la Révélation Biblique, la Tradition de l’Eglise et des travaux scientifiques les plus récents. Les instances ecclésiales exercent leur autorité particulière (doctrinale, canonique, etc.) de manière totalement indépendantes de l’Etat.
De son côté, le PDC est une structure politique laïque liée au plan politique qui, ad intra, exerce son autorité au sens du droit civil et non pas du droit canon, comme l’Eglise. Les instances directrices du PDC aux plans local, cantonal et fédéral exercent leur autorité sur les membres de leur parti et sur leurs élus à partir d’un règlement civil interne (statuts). Ils réfléchissent et agissent sur la base d’une conception de l’Homme proprement laïque et culturelle bien que profondément teintée par la conception de l'Homme et les valeurs religieuses de la foi chrétienne (3). Le rôle du PDC, comme acteur indépendant - au sens de l’autonomie - de l’action politique, est donc d’être l’ambassadeur des valeurs que ses membres souhaitent défendre au sein de la scène politique après qu’une majorité se soit dégagé.
Entre le PDC et les Eglises, il n’existe donc plus, comme auparavant, de soumission "automatique" du premier à la seconde tout simplement parce que l’on est progressivement parvenu à distinguer les plans religieux et politique. Les interactions entre partis et Eglises se font par le biais des individus qui composent l’un ou/et l’autre et non plus de manière institutionnelle.
Comme je l’ai dit, on considère aujourd’hui que les partis (ceux dits chrétiens en l’occurrence) et les Eglises sont des organes qui agissent sur des plans différents et que chacun, par son indépendance juridique et doctrinale, apporte une éclairage pertinent à sa manière. Certes, les relations entre l’Eglise et l’Etat sont difficiles à clarifiées quand une histoire commune a été longtemps partagée. Pourtant, l’une et l’autre gagnent à s’écouter mutuellement attentivement plutôt que de chercher à soumettre l’autre parce que chacun apporte à l’autre une dimension qu’il n’a pas ou pas assez pris en compte. La politique est l’art du possible, la vie ensemble est un art à faire ensemble… L’unité formelle d’un groupe est bien belle, elle a son utilité institutionnelle mais elle n’est toujours qu’une illusion puisqu’en dernier recours, chaque individu se forge son idée, juge et prend position en son âme et conscience ! En effet, personne ne peut contraindre celui-ci ou celle-là de penser ceci ou cela (ni les partis, ni les Eglises d’ailleurs…) ! Et c’est bien ainsi.
C’est ainsi qu’on trouve dans les Eglises des gens qui se réclament de tels ou tels courants ecclésiaux ou politiques. De la même manière, on trouve des chrétiens dans toutes les travées de l'hémicycle. Notre image de la meilleure solution politique diffère d’individu en individu. Ainsi, même après avoir réfléchi et négocié longuement à propos d’un problème politique éthique épineux, nous aurons toujours à revoir notre copie à la lumière d’une conception de l’Homme toujours plus proche de ce qu’est l’Homme en vérité.
Pour l’heure, ne mélangeons pas tout ! Laissons le PDC et les Eglises étudier et parler de ce que chacun connaît le mieux et laissons chacun proposer ce qui lui paraît être le meilleur pour l’Homme et la société. Et nous ? Ecoutons bien ! Plusieurs avis ne valent-ils pas mieux qu’un ?
Pascal Tornay
Notes
(1) Voir le très bon document des Jeunes DC à ce sujet.
(2) Le Magistère = les maîtres de doctrine. Il s’agit ici de l’Eglisecatholique en tant que représentée par ses responsables premiers, les évêques. Il s’agit aussi de la FEPS qui prend la parole au nom des Eglises protestantes, bien que son autorité s’exerce différemment de la CES.
(3) Notons que la société et le système politique suisse est imbibé jusqu’aux racines des valeurs chrétiennes et qu’il est difficile de dire que seul le PDC est chrétien. L’appellation ne suffit pas, même si le PDC continue à se réclamer chrétien, à juste titre d’ailleurs.
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