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Comme si l'UE ou l'ONU s'étaient entendues pour réduire à néant la souveraineté nationale... Comme si l'on souhaitait notre mort... On nage en plein délire.
Ce parti me donne constamment l'impression qu'il n'a rien à proposer, ou plutôt que ce qu'il propose c'est un retour illusoire à une société suisse qui n'a peut-être existé que dans la tête de quelques patriotes de la fin du XVIIIème siècle. Ce mythe de la suisse souveraine, indépendante et neutre que poursuit l'ASIN - bras patriotique et nationaliste de l'UDC - est une belle chimère qui fait plaisir au coeur des nostalgiques d'un Eldorado d'autrefois – nostalgiques qui n'échangeraient par ailleurs pas leur place actuelle de chefs d'entreprise pour retourner labourer les champs à la pioche –. Ce mythe, cet idéal décharné répond bien aux peurs d’une certaine couche de citoyens de voir la société suisse s'ouvrir au monde et perdre ainsi son âme.
Souverain, indépendant et neutre : je dis oui ! Mais jamais aucun Etat ne l’a jamais été à nulle part. Si cela signifie couper les relations de la Suisse avec ses voisins ou des organismes supranationaux, refuser
d’accueillir des migrants ou des travailleurs étrangers, être neutre au point de ne pas travailler à une diplomatie active de bons offices et à la promotion active de la paix dans le monde et, enfin, se replier sur soi-même en estimant que « les autres » (encore un mythe) vont tout nous prendre, c’est devenir des esclaves d’un monde qui évolue sans nous. Poursuivre ce mythe d'une telle suisse même souveraine et neutre, c'est s'extraire des problèmes du monde actuel, c'est souhaiter un repli culturel, politique qui aurait des conséquences catastrophiques. Bien sûr, je veux que la Suisse soit neutre, mais seulement du point de vue guerrier, pas culturellement ou politiquement. Bien sûr que je souhaite une Suisse souveraine et indépendante, mais pas s'il faut nier les réalités qui nous entourent et surtout pas pour protéger les intérêts financiers de quelques gros bras qui ont tôt fait d’instrumentalise la politique libérale de l'UDC. Ne confondons pas le libéralisme et la liberté ! Le deuxième terme n'est pas contenu par le premier. C'est là que sont les enjeux. Le noyau dur de l'UDC souhaite faire croire que libéralisme et liberté ne sont qu'une seule et même chose. Si la liberté peut – éventuellement – la capacité de faire des choix politiques réfléchis au sens large, le libéralisme est une doctrine politique et économique qui, poussée loin, conduit à l’instauration de la loi du plus fort : Chaque acteur n'ayant pas les mêmes forces et les mêmes chances sur le terrain de jeu.
Estimer que l’on perd sa souveraineté, son autonomie – pire, son identité – en s'ouvrant aux autres est une vieille croyance qui, mal comprise, nourrit la peur et l’agressivité et rend aveugle aux problèmes à affronter dans la réalité. Cette croyance est, par ailleurs, bien connue en psychologie et fonctionne parfaitement sur le plan individuel. La croyance, par la peur, paralyse l’individu en l’enfermant, le repliant sur lui-même. Il n’évolue plus. Le dynamisme d’adaptation vital est bloqué. Sur le plan politique, comprenons bien, le principe est le même. Que l’on soit clair, il ne s'agit pas de vouloir perdre sa souveraineté ou son indépendance, il s'agit de refuser la peur de la perdre en restant ouvert aux apports de l'extérieur, en n'acceptant pas tout, certes, mais en restant affronté aux autres dans une certaine ouverture confiante, mais non naïve. Voilà une posture politique bien différente. Mais le combat nationaliste de l’UDC n'est encore que la gangue douceâtre d’une idéologie mesquine qui plonge ses racines plus loin encore.
En effet, ce combat patriotique est une façade qui répond parfaitement au besoin d’un bon nombre de membres de l’électorat UDC d’être rassuré au sujet de l’identité de la Suisse, au sujet du maintien des droits démocratiques – que je souhaite d’ailleurs voir maintenus, le problème est ailleurs – et de la peur de l’ouverture au monde et aux autres. Ce combat pourrait effectivement être fécond et donner lieu à un vrai débat, à une vraie construction identitaire, s’il n’était pas, premièrement, une construction « contre » d’autres identités ou « contre » des options diabolisées et, deuxièmement, s’il ne servait pas à camoufler un combat d’un autre ordre, celui de la défense des intérêts personnels (économiques et financiers) des élites de l’UDC (2). Il y a longtemps que j’ai cessé de penser que les dirigeants de ce monde seraient dupes des actions qu’ils mènent et des visées qu’ils soutiennent. Non, le combat identitaire d’avant-scène (allant avec un discours qui en appelle constamment au peuple (3)) est mené par les caciques de l’UDC et vise à focaliser l’attention et à bloquer l’électorat sur ses peurs profondes – à certains égards tout à fait justifiées – pour avoir, d’un autre côté, une marge de manœuvre pour travailler plus librement, en politique notamment, à la défense, je le disais, des leurs intérêts économiques et financiers. L’UDC utilise constamment ce double aspect idéologique – combat identitaire/nationaliste et défense d’un libéralisme économique poussé – pour d’un côté, faire le beurre d’une poignée de ses grands dirigeants à la tête de grandes entreprises multinationales et d’un autre pour rassurer un électorat dont le monde actuel et son brassage ethnique, culturel, religieux fait peur.
Décidément, on ne peut pas servir deux Maîtres. L’UDC a choisit le sien. Qu’il ne compte pas sur moi.
Pascal Tornay
Décidément, on ne peut pas servir deux Maîtres. L’UDC a choisit le sien. Qu’il ne compte pas sur moi.
Pascal Tornay
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Notes :
(1) ASIN : Action pour une Suisse Indépendante et Neutre. http://www.asin.ch/
(2) Cf. Registre des liens des parlementaires fédéraux avec des groupes d’intérêts… passionnant !
http://www.parlament.ch/SiteCollectionDocuments/ra-nr-interessen.pdf
(3) Notion populiste et mythique par excellence, le peuple - pas plus que ses élites - n’ont la vérité. Le peuple ne constitue pas un individu avec une conscience propre et est, par ailleurs, facilement manipulable.
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