D’un côté, il y a la musique. Je le crois, la musique nous met dans un autre rapport avec le monde. Elle permet d’élargir notre espace de pensée et par conséquent, d’action. Elle va bien au-delà de la parole verbale proprement dite en ne l’anéantissant pas, mais en la sublimant. Sublimer, signifie « faire passer le seuil » ou « être au-delà du seuil ».
D’un autre, il y a la spiritualité. Avoir la foi, ce n’est pas un corpus de croyances. C’est un rapport personnel au Dieu de Jésus-Christ. On n’ « a » pas la foi au sens où on ne possède pas définitivement un rapport de confiance avec une personne. Tout est à faire constamment, mais il y a un socle solide : l’expérience vécue avec ce Quelqu’un : Dieu.
Passer d’une distinction à une harmonie... Mon ami guitariste et ex-animateur pastoral, Pierre-Yves Dick et moi avons écrit une petite pièce facile et douce. Retrouvez la partition ici.
Peut-on dire que toute musique amène vers plus de sensibilité spirituelle ? La musique est-elle un langage spirituel ? « Oui », répond Théophanis Kapsopoulos, directeur de l’orchestre des jeunes de Fribourg invité à une causerie dans le cadre du cours « Art & Foi » à l’Institut romand de Formation aux Ministères (FR). « Elle est en tout cas un langage. » En effet, la musique est comme un code – elle doit s’apprendre – comme tout langage. A voir toutes ces boules se promener sur des feuilles avec des lignes et des signes, il faut y croire ! Toute musique amène-t-elle une plus-value de spiritualité ? On peut en dire d’abord que la musique investit toutes les parcelles de l’être humain : elle touche le corps (le rythme), le cœur ou l’émotivité (la tonalité) et l’intellect (la facture ou la structure de la musique). Avec ces trois composantes, on peut distinguer les musiques équilibrées et celles qui jouent plutôt sur l’un ou l’autre élément.
Touchant nos sens physiques au premier abord, elle s’engouffre bien plus loin en nous. Elle prend corps en nous si j’ose dire et permet d’éveiller notre capacité spirituelle parce qu’elle développe – si on la fréquente d’un peu plus près – une sensibilité à soi, à ce qui se passe en nous.
Elle a ce pouvoir d’éveiller ce qui dort en nous. La musique, comme la spiritualité est donc une réalité « dangereuse », parce qu’elle peut modifier notre rapport à soi, aux autres, à Dieu et au monde. Le troubler, le sublimer, l’affiner.
Peu importe que la musique soit belle ou non, car l’esthétique musicale, c’est encore toute une autre histoire. Il faut du moins qu’elle soit vraie. C’est à dire qu’elle soit en adéquation avec ce qu’elle veut signifier. « On ne peut pas jouer certains passages de la Bible, dans une œuvre de Haydn avec un beau son de conservatoire. Il faut que ça grince » affirme M. Kapsopoulos. « C’est difficile, reprend-il, car il ne faut pas avoir peur du ridicule. Si le ridicule ne tue pas, dit-il souvent à ses musiciens, c’est la peur qui va vous tuer. » Sans cet investissement vrai de soi dans la musique, on retire la vérité de ce qui est joué. Pas une vérité absolue, mais une authenticité qui donne foi à la musique. Il faut croire à la musique ! La musique vraie est à ce prix. La spiritualité aussi.
Il ne faut donc pas compartimenter musique et spiritualité, puisque la spiritualité insuffle dans la musique un vent de transcendance, un feu qui parachève la construction structurelle en lui donnant la vie. Toute musique fait donc lever notre regard vers plus loin et suscite en nous émotion ou réflexion, répulsion ou adhésion en positif ou en négatif par ailleurs. La musique peut nous bouleverse, elle fait remonter des tréfonds de notre être nos peurs, nos espoirs, nos joies. C’est ainsi que les adolescents, en pleine mutation, n’écoute généralement pas volontiers de la musique douce ou classique. L’évolution rapide de leur corps – et les impulsions de la mode – les pousse à écouter des musiques qui répond à leurs besoins de défoulement immodéré et d’expression parfois déchaînée. D’autre part, la musique classique a pu être taxée d’élitiste souvent à juste titre, je pense parce qu’elle est justement très structurée, très construite. Le langage de la musique dite classique est un langage complexe défini par de nombreuses règles – qui évoluent, certes – mais qui lui donnent une ampleur et une profondeur étonnante, non accessible à toutes les oreilles, faute d’une certaine culture (sans pédanterie aucune).
La musique et la spiritualité ont donc en commun – entre autres – qu’elles ne se promeuvent pas elles-mêmes, mais sont au service d’une relation qui dépasse la personne elle-même. Avec soi-même et avec Dieu, avec le monde, on l’a dit. La musique comme la spiritualité ne fait sens que si elle est mise en rapport avec une expérience, un vécu dont elle donne une résonance, comme un écho. La musique et la spiritualité ne sont donc pas des concepts abstraits, mais des réalités agissantes mystérieusement. Elles ont une force propre. Et, comme tout langage, elles peuvent être manipulées et utilisées à des fins mauvaises.
Elles partagent le fait que l’une et l’autre jaillissent du silence. Le sommet de la musique, c’est un silence plein et lourd. La spiritualité comme la musique jaillit du silence. D’un silence qui n’est pas un vide informe, mais d’un silence significatif parce qu’intervenant dans un contexte signifiant. Le silence est donc l’origine, le sens et la destination à la fois de la musique et de la spiritualité. La musique, quelle qu’elle soit, comme tout langage cohérent, est productrice de sens et, par ce simple fait, conduit certainement à une certaine spiritualité... De là à conduire à la foi, qui est une réponse libre et confiante de l’Homme à un Dieu qui se révèle à lui, il y a encore un pas à franchir.
D’un autre, il y a la spiritualité. Avoir la foi, ce n’est pas un corpus de croyances. C’est un rapport personnel au Dieu de Jésus-Christ. On n’ « a » pas la foi au sens où on ne possède pas définitivement un rapport de confiance avec une personne. Tout est à faire constamment, mais il y a un socle solide : l’expérience vécue avec ce Quelqu’un : Dieu.
Passer d’une distinction à une harmonie... Mon ami guitariste et ex-animateur pastoral, Pierre-Yves Dick et moi avons écrit une petite pièce facile et douce. Retrouvez la partition ici.
Peut-on dire que toute musique amène vers plus de sensibilité spirituelle ? La musique est-elle un langage spirituel ? « Oui », répond Théophanis Kapsopoulos, directeur de l’orchestre des jeunes de Fribourg invité à une causerie dans le cadre du cours « Art & Foi » à l’Institut romand de Formation aux Ministères (FR). « Elle est en tout cas un langage. » En effet, la musique est comme un code – elle doit s’apprendre – comme tout langage. A voir toutes ces boules se promener sur des feuilles avec des lignes et des signes, il faut y croire ! Toute musique amène-t-elle une plus-value de spiritualité ? On peut en dire d’abord que la musique investit toutes les parcelles de l’être humain : elle touche le corps (le rythme), le cœur ou l’émotivité (la tonalité) et l’intellect (la facture ou la structure de la musique). Avec ces trois composantes, on peut distinguer les musiques équilibrées et celles qui jouent plutôt sur l’un ou l’autre élément.
Touchant nos sens physiques au premier abord, elle s’engouffre bien plus loin en nous. Elle prend corps en nous si j’ose dire et permet d’éveiller notre capacité spirituelle parce qu’elle développe – si on la fréquente d’un peu plus près – une sensibilité à soi, à ce qui se passe en nous.
Elle a ce pouvoir d’éveiller ce qui dort en nous. La musique, comme la spiritualité est donc une réalité « dangereuse », parce qu’elle peut modifier notre rapport à soi, aux autres, à Dieu et au monde. Le troubler, le sublimer, l’affiner.
Peu importe que la musique soit belle ou non, car l’esthétique musicale, c’est encore toute une autre histoire. Il faut du moins qu’elle soit vraie. C’est à dire qu’elle soit en adéquation avec ce qu’elle veut signifier. « On ne peut pas jouer certains passages de la Bible, dans une œuvre de Haydn avec un beau son de conservatoire. Il faut que ça grince » affirme M. Kapsopoulos. « C’est difficile, reprend-il, car il ne faut pas avoir peur du ridicule. Si le ridicule ne tue pas, dit-il souvent à ses musiciens, c’est la peur qui va vous tuer. » Sans cet investissement vrai de soi dans la musique, on retire la vérité de ce qui est joué. Pas une vérité absolue, mais une authenticité qui donne foi à la musique. Il faut croire à la musique ! La musique vraie est à ce prix. La spiritualité aussi.
Il ne faut donc pas compartimenter musique et spiritualité, puisque la spiritualité insuffle dans la musique un vent de transcendance, un feu qui parachève la construction structurelle en lui donnant la vie. Toute musique fait donc lever notre regard vers plus loin et suscite en nous émotion ou réflexion, répulsion ou adhésion en positif ou en négatif par ailleurs. La musique peut nous bouleverse, elle fait remonter des tréfonds de notre être nos peurs, nos espoirs, nos joies. C’est ainsi que les adolescents, en pleine mutation, n’écoute généralement pas volontiers de la musique douce ou classique. L’évolution rapide de leur corps – et les impulsions de la mode – les pousse à écouter des musiques qui répond à leurs besoins de défoulement immodéré et d’expression parfois déchaînée. D’autre part, la musique classique a pu être taxée d’élitiste souvent à juste titre, je pense parce qu’elle est justement très structurée, très construite. Le langage de la musique dite classique est un langage complexe défini par de nombreuses règles – qui évoluent, certes – mais qui lui donnent une ampleur et une profondeur étonnante, non accessible à toutes les oreilles, faute d’une certaine culture (sans pédanterie aucune).
La musique et la spiritualité ont donc en commun – entre autres – qu’elles ne se promeuvent pas elles-mêmes, mais sont au service d’une relation qui dépasse la personne elle-même. Avec soi-même et avec Dieu, avec le monde, on l’a dit. La musique comme la spiritualité ne fait sens que si elle est mise en rapport avec une expérience, un vécu dont elle donne une résonance, comme un écho. La musique et la spiritualité ne sont donc pas des concepts abstraits, mais des réalités agissantes mystérieusement. Elles ont une force propre. Et, comme tout langage, elles peuvent être manipulées et utilisées à des fins mauvaises.
Elles partagent le fait que l’une et l’autre jaillissent du silence. Le sommet de la musique, c’est un silence plein et lourd. La spiritualité comme la musique jaillit du silence. D’un silence qui n’est pas un vide informe, mais d’un silence significatif parce qu’intervenant dans un contexte signifiant. Le silence est donc l’origine, le sens et la destination à la fois de la musique et de la spiritualité. La musique, quelle qu’elle soit, comme tout langage cohérent, est productrice de sens et, par ce simple fait, conduit certainement à une certaine spiritualité... De là à conduire à la foi, qui est une réponse libre et confiante de l’Homme à un Dieu qui se révèle à lui, il y a encore un pas à franchir.
Pascal Tornay
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire