Aimer - connaître

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Photo de Guy Leroy

mercredi 12 mars 2008

Poèmes : Tornay, le petit village... ami !

Juchée au creux de la vallée du Vanon au fond de la Haute-Marne, la petite Commune de Tornay porte mon patronyme. Découverte sur la toile en 2004, elle m'est devenue familière : et c'est peu dire. Voici trois petits textes qui manifeste une vision, une élan, un ressenti, une couleurs, un pays, mais surtout des gens à découvrir... Bonne lecture.

L’Ecrin de Tornay

Aux confins de l’antique duché de Bourgogne
Où fleurit la prairie jaunie de pissenlits
Dans les vieux sous-bois où le sanglier grogne
Et où, noblement, les chênes trônent sans répit,
 
S’étend une région boisée et clairsemée:
Le pays où, nichée en terre, jaillit la Marne.
De maïs et de blé, en bocages cultivés :
Ici, la terre-mère nourrit ce peuple amène.

Au fond d’un vallon enchanteur et peu profond
Se tapit un village à l’allure discrète
Aux rites ancestraux, à la mine déconfite.
Pour lui redonner lustre que ne ferait-on ?

Bien des quartiers par leurs bâtisses ruinées inquiètent
Bien des murs par leurs pans lézardés tracassent
Mais pour si peu n’allons pas perdre la tête.
Tornay tient ! Dignement ! N’en déplaise aux jacasses !


 *   *   *


Apprivoisement

C’est un tout petit bourg
Adossé à la colline :
Champs et forêts alentours
Y ont bonne mine.

Affecté par les temps,
Murs lézardés et meurtris
Tornay se meut lentement
Aujourd’hui vert, demain gris.
Que fait l’ami Saint Loup,
Protecteur de la contrée !
Serait-ce ses petits loups
Qui l’auraient oublié ?

Les temps modernes agressent.
Le travail se fait rare.
Et les jeunes sans cesse
Sont en quête d’espoir

Ô Tornay, village brisé
Que vont-ils devenir
Tes enfants bien-aimés ?
Faudra-t-il donc partir ?

Havre d’une douce paix
Quand les chênes des bois
Essoufflent le vent frais
Dans sa course.

Les pierres de taille jaunes
Illuminent les ruelles
que les chats sillonnent,
au gré des écuelles.

Son église à l’allure fière
a subit les affres des siècles.
Le clocher, sentinelle solitaire,
du village, il est le pinacle

Restons dans l’environ
Voici le petit cimetière
Que dit-il ce larron ?
Laissons parler la terre !

Les Crinon et Bougueret
Y ont été laissé
Morisot et Gonget
Reposent pour l’éternité.

Laissons-là nos défunts
Descendons au Vannon
Qui coule vers sa perte…
Il ne le sait pas, cré non !

Un petit pont l’enjambe
Charmante architecture
Sur la rivière, il se cambre
Lorsqu’on passe en voiture.

Mais revenons sur nos pas
Observons, bien attentifs
La grand’place du bas !
Et ses contours évasifs

Voici le nœud de la cité
Refait à neuf il y a peu
La Mairie la bien nommée

Une belle bâtisse, parbleu !
Peu de poussettes dans ces rues,
Mais plutôt autos et tracteurs,
Arrachant au calme ambiant
sa suave douceur.

A l’image d’une vieil homme retors
Tornay cache ses intimes beautés.
Pour qu’il vous ouvre son cœur,
Il faut l’apprivoiser.

Pour s’en faire un ami
cela prend du temps.
Il faut s’approcher avec courtoisie
Une fleur entre les dents.

Alors, lentement le vieux village
Se met à murmurer.
Il livre ses joies et ses rages
À qui veut l’écouter.


 *   *   *


Une terre et un nom en commun

Un peu de curiosité moderne a suffit.
Puis il fallu une dose d’audace
Pour entrer en contact et faire connaissance.
Car vouloir rencontrer l’autre, c’est toujours un défi.

- « Tiens, ces gens nomment leur terre de notre nom ! »
- « Tiens, celui-ci se présente comme notre terre ! »
Une terre et un nom propre en commun, est-ce assez
Pour que naisse la joie d’être ensemble et fêter ?

« Eh bien soit, relevons le défi : venez tous !
Nous verrons bien tôt si ces gens sont importuns. »
- « C’est le premier rendez-vous : on sait qu’il compte.
Nous leur apporterons nos meilleurs produits locaux ».

Par une belle journée d’automne en deux mille quatre
Sur la place de l’église, à l’ombre du grand tilleul.
Nous avons donc partagé le pain à la même table.
Quelques présents ont même scellé notre amitié.

L’humour de certains a enchanté ces moments,
Ici, une terre et un nom ont mêlé leur existence
Comme s’ils ne s’étaient jamais perdus de vue.
Ainsi furent reçus les Tornay à Tornay.

Les années passèrent et la joie de se revoir
Ne s’est pas émoussée d’une quelconque manière
Car il y a, dans la joie de la rencontre sans préjugés,
Dans l’audace du contact avec l’autre, dans l’amitié
Une richesse que l’argent n’égalera jamais d’aucune façon.

Pascal Tornay

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